Tiens, voici donc un film pour lequel aucun membre n'a encore écrit de critique ! Pourtant, il semble y avoir beaucoup de cinéphiles ici beaucoup plus capés que moi. C'est certes un assez vieux film qui n'a pas du connaître un grand succès et donc peu rediffusé.
Je vais donc en parler en faisant appel à ma mémoire (je l'ai vu dans les années 80) car il m'a laissé un souvenir assez saisissant. Le film se déroule dans un seul lieu, une sorte de "café" typique de ces lieux qu'on retrouve dans de nombreux films américains, en bord de route où les voyageurs s'arrêtent pour un de ces cafés "jus de chaussettes" typiques et éventuellement manger un hamburger ou autres mets difficilement mangeables dont sont friands les Etasuniens. Un groupe de femmes trentenaires ou quadragénaires s'y retrouve pour évoquer leurs souvenirs de jeunesse et un immense miroir mural fait office de flash-back (c'est à dire que les scènes du passé, dans ce même lieu et avec le même groupe de femmes plus jeunes, sont vues dans le miroir).
Autant le dire, il n'y a quasiment pas d'action, l'essentiel est dans les dialogues.
Je ne me souviens plus très bien comment cela est amené, mais on se rend compte assez vite que dans les scènes du passé, il y a un garçon dans le groupe de filles, mais que ce garçon n'est pas présent dans les scènes du présent (justement). C'est au fil des dialogues que l'on devine qu'on va découvrir ce qu'il est advenu de ce garçon manquant...
Le cœur du film, et sa justification, ce sont les portraits de femmes de la classe moyenne américaine qui portent un regard à la fois nostalgique, désabusé, lucide ou non sur leurs rêves et leurs fantasmes de jeunes filles face à la réalité de la vie qui est aujourd'hui la leur, au cours de retrouvailles rituelles (en hommage à James Dean, l'incarnation absolue de leurs rêves de jeunesse).
Mais le film étant réalisé par un homme (Robert Altman), ce n'est pas un film de femmes pour les femmes (si ça existe). Mes souvenirs me jouent peut-être des tours, mais j'ai le sentiment que le cadre, l'ambiance, sont presque plus "masculins" que féminins (l'ouest américain, terre de cow-boys, un "café" qu'on imaginerait plus fréquenté par des camionneurs que par des mères de familles...).
La brochette d'actrices qui porte le film ; Kathy Bates, Cher, Karen Page, Sandy Dennis... m'a également laissé le souvenir de performances assez fantastiques.
Voilà typiquement le genre de film que d'un côté j'aimerai revoir pour retrouver la sensation forte qu'il m'a laissé et que de l'autre côté je n'ai pas envie de revoir par peur que le temps dissipe cruellement le souvenir enchanté de ma propre jeunesse...