Alice Winocour revient sur Terre après son magnifique Proxima pour panser des plaies qui sont cette fois-ci bien réelles : celles des victimes et familles des défunts de l'attentat du Bataclan. On suit donc une jeune victime, traumatisée par ce qu'elle a vécu au point de confondre ce qu'elle a vu ou entendu (est-elle vraiment cette femme qu'elle revoit fermer la porte des toilettes, et condamner les autres clients qui la supplient d'ouvrir ?), au point d'être bouleversée par un bruit suspect, au point d'avoir des absences à répétitions dans ses journées, sortes de moments suspendus où l'on ressent toute la difficulté à tourner la page, si tant est qu'il soit vraiment possible de la tourner. Comment se relever, faire sienne cette blessure que l'on transporte comme un fardeau, partager avec ceux qui ne peuvent pas comprendre ? On vit tous ces questionnements dans Revoir Paris, un film qui a du cœur pour ses personnages (on aime énormément Virginie Efira et Benoît Magimel dans ces rôles, tous deux très touchants), malgré un certaine sensiblerie et une mise en scène définitivement moins inspirée que le précédent Proxima... On n'enlèvera pas toute la passion que l'on ressent pour son sujet, tout le respect et l'hommage rendu à ceux qui sont victimes de traumatismes (dans la généralité), aux groupes de soutien qui font un travail formidable sur la rémission, aux psys qui sauvent des vies, à tous ceux qui aident à avancer, sans jamais oublier. Revoir Paris, dans son hommage, se souvient (généreusement) de tous.