Réaliser un film qui plonge dans l'intimité mentale d'une survivante d'un attentat tout en donnant un aspect choral à une œuvre sur la résilience, tel est le pari hautement risqué et brillamment exécuté de Revoir Paris. Il fallait voir aussi jusqu'où pousser le curseur de l'impudeur pour secréter une émotion digne et soutenable et, là encore, Alice Winocour, réalisatrice de l'excellent Proxima, touche juste et en plein cœur. Le film montre avec éclat à quel point il est difficile de se reconstruire après un tel traumatisme, comment même les proches ne peuvent comprendre les séquelles d'une telle déflagration physique mais surtout psychologique mais également à quel point la solidarité collective peut apporter de l'apaisement, avec la volonté de se régénérer. Le film est riche d'une multitude de couches, jamais pesant dans un récit remarquablement écrit qui fait une place importante aux invisibles parisiens, autrement dit des sans-papiers, fantômes dans la vie de tous les jours pour les habitants de la capitale et qui, dans Revoir Paris, en rejoignent d'autres, ceux qui ont échappé par chance ou par miracle à la tuerie et qui cherchent la consolation et l'exorcisme de leur douleur. Âme errante à la mémoire défaillante, Virginie Efira se surpasse, ce qui semblait difficile vu le niveau habituel de ses performances. Au centre de tout, dans le film, cette héroïne est aussi le réceptacle des peines et du courage des autres. Et c'est en cela que Revoir Paris est un long-métrage magnifique, un hymne à la vie et à la résistance contre la barbarie.