Un des premiers westerns pro guérilla mexicaine par Budd le plus mexicain des cinéastes américains

Je l' ai vu dans un DVD dont la restitution des couleurs éprouvante déshonore un Technicolor dont le consultant est le talentueux William Fritszche : l’image est en général décolorée et parfois les visages sont gris, comme noircis au charbon.

Elle n’arrive pourtant pas à enlaidir Julie Adams, déjà si belle dans deux westerns de Boetticher l’année précédente, The Man From Alamo, où elle est une institutrice, et Horizons West, où elle est une femme fatale.

Ici, elle est une guerillera mexicaine avec un sombrero et un costume bien ajusté, irréaliste mais appréciable, un bel hommage à sa silhouette (elle qui est aussi la nageuse dans le très fameux Creature of the Black Lagoon de Jack Arnold). 

Le scénario est sans doute un des premiers, dans les westerns, à mettre en scène les différentes composantes de la révolution mexicaine : paysans et guérilleros, bandits opportunistes, rurales et fédérales, partisans de Porfirio Diaz et généraux factieux. Il se développe sans surprises pour nous, parce que depuis, on l’a vu cinquante fois.

Si Boetticher inaugure ce genre americano-mexicain, c’est qu’il est lui-même le plus mexicain des américains de l’époque. Il a vécu au Mexique très longtemps et il y a déjà tourné plusieurs films. Bien plus tard, 15 ans après celui-ci, son dernier film sera une biographie de son ami Carlos Arruza, un fameux torero (une profession que Boetticher exerça lui-même).

Le héros américain du film, allié aux révolutionnaires, est joué par un bon acteur, Van Heflin. Mais il semble ici tellement yankee "cent pour cent" qu'on déplore un peu  que ce rôle ne soit allé à Burt Lancaster, Gary Cooper,  Robert Mitchum, Robert Ryan ou Glenn Ford, plus capables d'exprimer un intérêt pour "l' ailleurs".

Il y a beaucoup de scènes en nocturne, un procédé rare, qui est très réussi dans Seminole du même Budd Boeetticher, mais ici il est pénible. Je veux croire que c’est à cause de la mauvaise copie visionnée. De plus, ce film a été projeté en 3D à l’époque (avec les lunettes bicolores) d’où des scènes artificielles pour valoriser le procédé.

(Notule de 2018 publiée en janvier 2025).

Remarque : il semble qu'une édition Blu-ray vient de sortir. Peut-être que la qualité de la restitution est améliorée ?

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