Let's the music play
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Existe-t-il un genre cinématographique, innommé, ou dont le nom m'est inconnu, consistant à créer un film révélateur d'une époque en partant d'images extraites d'une première création audiovisuelle ? Peut-être. Ni found footage, ni film collage.
Lors du visionnage du film d'Alain Gomis, il m'est tout de suite apparu comme un parent du documentaire réalisé parle collectif les Insoumuses (fondé par Nadja Ringart, Carole Roussopoulos, Delphine Seyrig et Ioana Wieder) : Maso et Miso vont en bâteau. Dans ce film, sorti en 1976 malgré les pressions de Françoise Giroud, alors secrétaire d'Etat à la Condition féminine puis secrétaire d'Etat à la culture sous deux gouvernements durant la présidence de Valery Giscard d'Estaing, pour empêcher sa diffusion, les réalisatrices proposent un nouveau montage de l'émission télévisée présenté par Bernard Pivot, avec pour invitée Françoise Giroud, Encore un jour et l'année de la femme, ouf ! C'est fini, diffusée sur Antenne 2. C'est par exemple à l'aide d'intertitres équivoques ou de musique insérée, que les réalisatrices expriment leur désaccord, en tant que collectif portant des valeurs féministes, avec cette appropriation gouvernementale de causes importantes maltraitées, avec inconséquence et conservatisme, par le discours de l'équipe de télévision et de la secrétaire d'Etat à la Condition féminine.
Alain Gomis use du montage et fait fondre le vernis télévisuel assuré par la production et l'animateur. On y voit un Thelonius Monk fatigué, transpirant sous les spots lumineux, agacé de passer tant de temps à tout sauf à jouer. Il est moins pianiste qu'invité ayant pour objectif, non pas de se présenter au public, mais de se donner corps et âme pour que le présentateur et l'émission soient respectables. Obéir au script obéir aux diktats télégéniques. Le documentaire d'Alain Gomis nous permet de découvrir un pianiste, en laissant à son montage ce qui avait été coupé au montage original, et un artiste, mal à l'aise avec le jeu médiatique.
Créée
le 29 janv. 2025
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