Qu'on se le dise, si il y a bel et bien une actrice intouchable au saint de la jungle Hollywoodienne, c'est bel et bien l'inestimable Meryl Streep, une comédienne au talent extraordinaire, un véritable caméléon capable de tout - et je dis bien tout - jouer avec une perfection à la limite de l'indécence et chez qui les années ne semblent avoir aucune emprise.


Forte d'un nombre méchamment astronomique de nominations aux oscars (vingt-trois, pour trois statuettes) et d'une filmographie longue comme le bras, l'actrice est l'une des seules aujourd'hui à détenir le luxe de pouvoir choisir ses projets selon ses envies, envies il est vrai férocement discutables ces dernières années (Into The Woods en tête).


Quarante ans d'une carrière exemplaire sans prendre la moindre grosse tête - chapeau madame -, la voilà de retour plus en forme que jamais en ses premières heures de septembre avec Ricki and The Flash de Jonathan Demme, ou un comeback remarquée pour l'actrice dans le genre comédie musicale sept piges tout rond après le cucul (mais entrainant) Mamma Mia !


Comédie familiale légère comme il en pleut par dizaine dans le circuit indépendant US en cette douce période estivale, Ricki and The Flash suit l'histoire de Ricki Rendazzo, une rockeuse dont le rêve de faire carrière ne sait jamais vraiment réalisé, même si elle avait pourtant abandonné mari et enfants pour le mener à bien.


Régulièrement, elle joue avec son groupe The Flash dans un bar de Californie mais c'est bien son boulot de caissière de supermarché qui lui permet de vivre au jour le jour.
Lorsqu'un jour, elle reçoit un appel de son ex-mari Pete qui lui annonce que leur fille Julie déprime sévèrement à la suite de son divorce, Ricki décide de partir les rejoindre à Indianapolis.


Comme prévu, les retrouvailles ne se font pas sous les meilleures auspices, et Ricki va devoir batailler pour retrouver la confiance de ses enfants (surtout sa fille) et ainsi reprendre peu à peu ses responsabilités de mère qu'elle avait si égoïstement abandonnée.


Sans surprise, le nouveau long métrage de Jonathan Demme, divertissement gentillet et indigeste bourré jusqu'à la gueule de bons sentiments, ne vaut que pour le one woman show solide de son actrice vedette.


Totalement consciente d'être l'unique attraction de la chose, la Meryl profite de la comédie pour jouer une nouvelle fois de son image avec maestria (tout comme pour Le Diable s'habille en Prada), en en faisant littéralement des tonnes avec une énergie proprement ahurissante.
Bref, elle s'éclate dans la peau d'une rockeuse d'âge mûr mal dans ses baskets qui ne sait pas lâcher pour de bon sa guitare au profit de sa famille, et cela se voit.


Dans un nouveau numéro d'actrice remarquable, elle pousse merveilleusement la chansonnette - reprise de Lady Gaga en bonus -, ses altercations avec les nombreux personnages sont convaincantes (encore une fois, Kevin Kline est là pour sauver la mise) et l'on suit avec plus ou moins d'intérêt son parcours initiatique semé d'embuches (sa peur de l'engagement, les reproches de ses rejetons, son quotidien misérable,...).


Feel good movie festif mais éculé, Ricki and The Flash conte pour la énième fois la confrontation évidemment électrique entre l'Amérique middle class populaire et ouverte et celle plus bobo et conservatrice, un choc des cultures rebattu et pas exempt de clichés faciles et grossiers enrobé d'un ton si propret et familial que la péloche semble se ringardiser avant même que ne sonne son gong final.


Ennuyeux, méchamment classique et dénué de toute ambition (même celle de divertir ?), on ne retrouve ni la plume magique de la scénariste Diablo Cody (qui nous croque une Ricki pas si éloignée de sa Mavis Gary de Young Adult) ni la personnalité de cinéaste du pourtant chevronné Jonathan Demme, dont la caméra est constamment en pilote automatique jusqu'à un final sirupeux tellement shooté à la guimauve que l'on est proche de l'overdose.


Simpliste, bancal, porté par un humour limité et des stéréotypes à gogos, ne s'octroyant que de réelles fulgurances lors des scènes de chants, Ricki and The Flash ne fera clairement pas date dans la filmographie de la lumineuse Meryl Streep, même si il incarne clairement une nouvelle preuve de son immense talent.


Dommage cependant que celle-ci n'est pas choisie un matériau plus solide pour partager la vedette avec sa propre fille, Mamie Gummer...


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.fr/2015/09/critique-ricki-and-flash.html

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le 2 sept. 2015

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