Il y a tout juste de cela dix ans, David Twohy se voyait offrir l'occasion d'approfondir la mythologie autour de son excellent "Pitch Black" par le biais d'un blockbuster pété de thune qui devait être le commencement d'une saga épique. Malheureusement, le box-office en décida autrement et malgré un joli succès un vidéo, la troisième aventure de Riddick n'eut pas d'autres choix que de sombrer dans les limbes... jusqu'à ce que le cinéaste, aidé par sa star Vin Diesel (qui hypothéqua au passage sa baraque, si c'est pas de la motivation, ça...), parvint à réunir les fonds nécessaires à sa mise en chantier. Un nouveau flop incendié par la critique qui nous arrive cette fois dans sa director's cut plus longue de dix minutes, accentuant le lien avec le précédent opus ainsi que le côté iconique de Riddick à travers un plan digne de Frazetta.
Budget réduit oblige, David Twohy se voit donc dans l'obligation de revoir ses ambitions à la baisse et de jeter aux orties (momentanément du moins) toute idée de péplum intergalactique, revenant à l'aspect série B de "Pitch Black" et se concentrant sur son anti-héros, roi déchu auquel Twohy va tenter pendant la première demie-heure de rendre son aspect sauvage. Considérée comme un sacré pas en arrière par ses détracteurs, cette approche m'apparait au contraire évidente dans sa logique purement howardienne, tant l'univers du furian se rapproche de celui du personnage de Conan, dont les multiples aventures feront passer du statut de simple renégat à roi et inversement.
Une première partie logique donc et iconique à mort, revenant à une science-fiction simple et épurée, sans grande fioritures, permettant à Twohy de mettre en boîte de superbes images parfois dignes d'une vieille couverture d'un bouquin de S-F et à Diesel de retrouver son rôle le plus marquant, avec une jubilation évidente. On regrettera dès lors des effets numériques qui piquent les yeux et l'idée saugrenue d'avoir collé un toutou dans les pattes de Riddick, aberration heureusement compensée par des créatures belliqueuses absolument magnifiques.
Dommage que David Twohy plonge ensuite son anti-héros dans l'ombre au profit d'une équipe de mercenaires dont on se fout royalement pour se la jouer "Predator", long axe central se contentant de montrer pendant une heure des gros balourds chier dans leur froc à l'idée de se faire dézinguer par un Riddick dont on ne comprend pas franchement la timidité, alors qu'il aurait pu en démembrer la grande majorité, histoire de faire plaisir aux spectateurs un brin endormis. Si le casting sent à fond la réunion des seconds rôles désormais au chômedu, ça fait toujours plaisir de revoir Katee Sackhoff même si son personnage est évidemment très proche de celui de Starbuck.
Les choses se réveillent heureusement vers la fin et Twohy de nous offrir un remake vénère et pluvieux de son "Pitch Black" (pour le coup, un petit retour en arrière, cette fois), climax sans surprise mais visuellement séduisant et offrant quelques jolies mises à mort avant un épilogue nous promettant une putain de revanche, cliffhanger uniquement visible dans la director's cut.
Souffrant d'une intrigue convenue et d'un budget dérisoire, "Riddick" est un troisième volet tardif qui décevra forcément les fans qui auront quand même patienté dix ans mais qui, même s'il demeure mineur dans la saga, mérite ne serais-ce qu'un coup d'oeil, tant la sincérité de ses créateurs est évidente et nous change des habituels intérêts purement économiques de ce genre de revival.