L'échec commercial des Chroniques de Riddick a bien failli sonner le glas de la meilleure saga de SF/Fantasy de l'histoire d'Hollywood. Pourtant, avec beaucoup de ténacité, Vin Diesel a toujours cherché à retrouver son personnage chouchou. Il a même négocié auprès d'Universal pour en acquérir les droits, et quand le tournage de cet opus s'est vu menacé d'arrêt suite à un problème d'acheminement de fonds, il a payé de sa poche le démarrage, rien que ça !
Riddick le film retourne à la source. Comme il n'était pas question pour Universal de financer une nouvelle bombe de 120 millions, il dispose d'un budget plus serré, et par conséquent d'une plus grande latitude quant à la violence déployée. Ce qui ravira les fans.
Ce qui risque de les déranger, c'est que comme le projet se veut rassurant pour les banquiers, il va être obligé de fréquemment lorgner du côté de l'original. Toute la deuxième partie, sur laquelle la bande annonce met l'accent, récupère allègrement les éléments qui ont fait le succès de Pitch Black : une bande de forts-en-gueules face à des monstres stylés de Patrick Tatopoulos. Le film se retrouve donc en terrain connu, brosse le spectateur dans le sens du poil, ce qui est très agréable mais ne prendra personne au dépourvu.
Du coup, la surprise qu'il nous réserve se situe dans son premier tiers. Laissé pour mort et abandonné dans un tas de gravats, Riddick va mettre 40 minutes à s'en remettre. Tout seul, en carafe comme un vieux galérien, il affronte une faune déterminée à le faire chier. Cet incipit sort du moule établi par les deux premiers films et fait plaisir à voir. En grand survivant de l'extrême, Richard B. Riddick va voir sa carapace mise à rude épreuve !
Il est plus que jamais le digne héritier d'Earl Dumarest, héros d'une longue saga SF imaginée par E.C. Tubb.
D'autant que ce segment est un reflet de ce qui est arrivé à la saga elle-même. Obligé de frayer avec des gros bras de la finance ( ici les Necromongers ) Riddick s'est laissé endormir par des compromis et des belles meufs à poil... Alors il en paye le prix : retour à la case départ, et doit refabriquer son aura mythique !
Par la suite, si le film échoue à secouer le spectateur dans ses certitudes comme c'était le cas des deux précédents, il n'en demeure pas moins un spectacle savoureux à l'humour cinglant, aux morts horribles et au graphisme échevelé. Retrouvant David Eggby à la photo, David Twohy propose un film moins délavé, plus précis, et à nouveau les scènes de nuit dirigent le regard à la perfection. Le final sur la montagne où les monstres sont révélés par des éclairs est absolument magnifique... j'ai eu des frissons les cinq fois !