Selection Oscars 2021
Le cinéma japonais est un cinéma que je n'ai pas encore eu l'occasion de vraiment creuser (contrairement au cinéma coréen) mais à chaque que je vois une œuvre nippone, je passe un bon voire très bon moment. C'est donc avec le sourire aux lèvres que j'ai commencé le visionnage de Ride or Die, en me disant que le sujet des relations homosexuelles allait être traité avec une certaine subtilité que l'on peut retrouver dans les œuvres asiatiques parlant de ce sujet.
Et le résultat est en demi-teinte. Si le film possède certaines scènes qui fonctionnent bien, le reste du temps, le réalisateur et le scénariste ont tous les deux laissés leur subtilité à la maison…
C'est vraiment dommage car le début du film est vraiment réussi, on a un plan séquence nous montrant le charisme et la sensualité du personnage de Rei, draguant un homme dans une boîte de nuit, pas trop de dialogues, juste ce qu'il faut, on se rend compte que ce qui l'intéresse n'est pas vraiment l'homme mais sa femme. Puis une scène de sexe réussie et un meurtre plus tard...le film perd petit à petit sa subtilité et sa maitrise des dialogues.
La scène amorçant cette descente est celle des retrouvailles entre Rei et Nanae. Une tension sexuelle s'installe, elle s'assoient sur le lit, Nanae commence à retirer ses vêtements, on s'attend à une nouvelle scène de sexe, on est content. Puis on se rend compte que le corps de Nanae est couvert d'hématomes et de bleus, le choc marche, le spectateur est dans la même position que Rei à cette découverte, tout fonctionne...Puis arrive les notes tristes de piano, les fameuses notes de pianos utilisés pour donné un air triste forcé, qui viennent transformés cette scène réussie en tire larmes, ces notes ont le même effet sur moi que les rires programmés dans les sitcoms, on te dit quand c'est drôle, quand c'est triste, quand tu dois rire ou pleurer, bref c'est tout bonnement insupportable.
Pour ce qui est de la relation entre Rei et Nanae, là encore c'est dommage, car au début du film, on est face à une histoire d'amour/amitié (tout est très ambigüe) passionnée entre ces deux femmes, le fait qu'elles soient lesbiennes n'est pas explicitement dit, car on s'en fiche, dans le terme "Histoire d'amour lesbienne" le film porte plus son attention sur "amour" que "lesbienne", ce qui ai une bonne chose, car c'est surtout l'amour qu'elles se portent l'une envers l'autre qui est important.
Puis le film change progressivement en deuxième partie pour se concentrer uniquement sur le côté lesbien, Rei ne se caractérise plus que comme une "tueuse lesbienne", bref, la subtilité du début est partie en vacances.
Il faudrait également informer le réalisateur que l'une des règles fondamentales du cinéma est "montrer plutôt que dire" car certaines scènes de dialogues ne servant qu'à victimiser les personnages (Rei sur son lesbianisme, et Nanae sur le fait qu'elle soit malheureuse dans sa vie) auraient pu être remplacé par des scènes nous montrant ces fameuses difficultés. Parce que à part quelques réflexions de lycéennes sur le fait que l'homosexualité de Rei serait "malsaine" et une scène ou Nanae se fait battre par son mari (qui sont des scènes qui fonctionnent plutôt bien) bah on a pas grand chose, tout le reste n'est mentionné que par des dialogues qui, comme dit plus tôt, ne servent qu'à faire de la victimisation pour prendre les personnages en pitié au lieu de nous montrés les difficultés qu'elles ont vécues.
Bref, j'étais circonspect sur le fait que Drunk ait gagné l'Oscar du meilleur film en langue étrangère...mais si la concurrence était du même niveau que Ride or Die, et bien cela fait sens, parce que là on a plus l'impression qu'il s'agit d'un film sélectionné pour respecter les "quotas" d'Hollywood ( sur les minorités ethniques, sexuelles…) plutôt que pour ses qualités cinématographiques.