Nick Beam a tout pour lui, il est un publicitaire reconnu et apprécié et sa femme est adorable. Mais sa vie vole vole en éclats quand il découvre que son chef et sa femme font des galipettes dans le même lit. Nick, abasourdi prend la voiture jusqu’à ce qu’il se fasse braquer par un petit gangster, T-Paul. N’étant guère réceptif aux menaces de ce dernier, il jette son portefeuille à la fenêtre et conduit comme un dératé jusqu’aux déserts de l’Arizona, à la grande surprise du petit malfrat. Tous deux finissent par atterrir dans une station-service en pleine cambrousse, où ils vont décider de travailler en commun pour dérober l’argent de la compagnie de Nick.

C’est donc l’histoire d’un type qui n’a plus rien à perdre (comme le dit le titre), dans une approche tout de même moins explosive que Chute libre de Joel Schumacher de 1993 mais qui peut l’évoquer. La conclusion arrivera tout de même à retomber sur ses pieds, grâce à quelques pirouettes généralement annoncées en amont pour peu que le spectateur ait un peu d’attention et de jugeote. L’ambition du film n’étant pas de dynamiter les pieds de la société américaine, que ce soit ceux du foyer ou du monde du travail.

Ceci étant dit, Rien à perdre propose un honnête divertissement, un buddy movie qui s’éloigne des cadres habituellement policiers pour suivre deux personnes qui vont aller au bout de leurs intentions de malfaiteurs. Il y aura un peu d’action, avec des cascades en voiture, et d’autres malfrats à leurs trousses. Une recette évidemment classique, avec l’ingrédient attendu, une bonne dose d’humour qui fonctionne notamment sur les différences entre Nick et T-Paul.

L’opposition est d’abord évidente, entre le bon soldat du capitalisme et du bon mari et le petit malfrat, avant de révéler d’autres nuances. Pour Nick, il s’agira avant tout de se poser les bonnes questions sur ce qu’il veut, sur cette vengeance lui qui se pensait être un homme gentil et placide. T-Paul derrière les bravades et l’humour cinglant se révélera être un père de famille, obligé de voler par nécessité plus que par conviction. Il est compétent et qualifié, mais sa couleur de peau est un obstacle dans un parcours professionnel qu’il aurait voulu plus classique et qu’il cache à sa famille qu’il aime de tout son coeur. Si Nick n’a plus rien à perdre, Terrence (car tel est son vrai prénom dévoilé par sa famille) a tout à gagner.

L’allusion au racisme est présente, même si là encore il n’y a rien de bien subversif. On aurait pu remercier le film de n’avoir pas proposé le cliché du gangster noir concon, mais il fait partie du duo de malfrats qui poursuit notre duo, avec un autre mais cette fois-ci blanc, joués par Giancarlo Esposito et John C. McGinle.

L’humour jouera donc de cette dualité, l’un et l’autre se taclant parfois violemment en utilisant certains clichés tournés en dérision autour des blancs et des noirs. Certaines plaisanteries sur la virilité et notamment celle de Nick ont peut-être mal vieilli, de l’humour de mec très 90’s sur ce que c’est qu’être un homme dans un monde d’avant. Mais dans la rivalité entre les deux voleurs réside un certain nombre de scènes assez réussies, notamment quand leurs esclandres ont des spectateurs qui observent surpris ce duo mal assorti mais finalement complémentaire. Lors d’un braquage pour récupérer du matériel pour le casse qui s’annonce, il y a ainsi tout un débat sur la manière de procéder pour braquer quelqu’un, devant un petit vieux tout penaud et invité à prendre part à la discussion. Certains personnages secondaires sont d’ailleurs assez amusants, à l’image de ce garde de sécurité qui prend son travail avec sérieux mais qui sait aussi se détendre, entre cowboy et danseur nocturne, joué par un Steve Oedekerk vraiment amusant.

Il s’agit d’ailleurs d’un caméo du scénariste et réalisateur. Au sein de sa filmographie, Rien à perdre se situe entre Ace Ventura en Afrique et Kung Pow, même s’il n’a pas la folie de ces deux références. L’ensemble est plus mesuré mais se révèle correctement exécuté. Certains plans rappellent ceux de films noirs, dans les cadrages pas si propres, tandis que le film se montre parfois malin avec sa bande-son. Celle de Scatman (Ski-Ba-Bop-Ba-Dop-Bop) pour une scène où les chaussures de Nick prennent feu est ainsi loufoque et amusante.

Dans les chaussures (cramées) de Nick, on retrouve Tim Robbins qui offre un homme bien sur les toutes coutures, mais dont il aurait été peut-être souhaitable de faire un peu plus craquer celles-ci. Tim Robbins garde une certaine contenance un peu placide tout le long, peut-être aurait-il fallu allumer la mèche. Pour T-Paul, c’est Martin Lawrence qui est là, assurant la tchatche et le grand coeur du personnage. Le duo fonctionne bien, et d’ailleurs le film repose sur leurs épaules.

SimplySmackkk
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le 22 sept. 2023

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