Rien de personnel se présente à nous au travers d'une trinité formelle convaincante, une construction sophistiquée et alambiquée qui nous dévoile selon le point de vue adopté une réception d'entreprise se transformant en machiavélique exercice de coaching dans laquelle trois cadres vont découvrir que le dindon de la farce n'est pas toujours celui que l'on croit. Avec cette intrigue aux tiroirs à double fond, Mathias Gokalp rend passionnantes les questions de cinéma que l'on peut se poser parfois : ici, en chargeant de sens toute la puissance d'un cadrage au gré des séquences se répétant selon les chapitres segmentés, le cinéaste parvient à mettre en abîme la nature du hors-champ, lui conférant une densité narrative en trompe-l'oeil que le spectateur s'amusera à déceler pour comprendre que ce que l'on montre n'est pas toujours ce que l'on doit voir.
Seule ombre au tableau, et non des moindres, l'élan expérimental et la confusion des troubles esquissant le jeu de regards que portent les personnages les uns sur les autres faussent le rythme de cette fable cruelle qui peine à trouver la bonne formule avec un montage qui ne va pas toujours à l'essentiel. Et à voir se répéter certaines séquences, il n'est pas impossible que l'ennui prenne hélas le pas sur la dimension ludique.