Un séminaire de cadres d'une grosse entreprise pharmaceutique se déroule dans la salle d'un château qui sera le décor unique du film.. Deux d'entre ces cadres (JP.Darroussin et M.Doutey) devisent sur leur prochaine collaboration imposée; la DRH du groupe (Zabou) anime la soirée; un syndicaliste fébrile (D.Podalydès) fait son entrée tandis que le grand patron (P.Greggory) pousse la chansonnette. Ce sont les principaux personnages de ce petit théatre de faux semblants qui s'annonce.
Pince-fesses ordinaire pour cadres méritants? Pas vraiment. La scène initiale du film de Mathias Gokalp est en trompe-l'oeil, comme on ne tarde pas à le voir. Le réalisateur revient sur cette scène plusieurs fois- c'est le principe de sa mise en scène- et on la découvre à nouveau, lacunaire et malicieusement tronquée, changeant complètement son objet et le caractère des personnages. La séquence prend un autre sens dès lors que l'auteur astucieux forme le puzzle, petit à petit, des relations entre chacun.
Au-delà de la forme, qui constitue davantage que son sujet, l'intérêt et la singularité essentiels du film, la rumeur d'un plan de licenciement et les conversations relatives en alimentent le fond, sont le fil d'une satire, modeste, à travers lequel l'auteur ausculte la confrérie des cadres, le monde impitoyable du travail qu'ils incarnent autant qu'il le subissent.
Brillant et corrosif.