Grand classique du cinéma américain, Rio Bravo de Howard Hawks est peut-être l’incarnation de l’attente selon Hollywood. Porté sur la relation entre les personnages, le film propose de belles manières d’aborder le temps mort, tout en gardant une forme d’efficacité narrative. Mais plus qu’une proposition de rythme, j’ai toujours eu l’intuition que le film travaillait l’« entre-temps » comme un instant à doubles lectures.
Avant d’expliciter ce point de vue, avec exemple à l’appui, je rappelle brièvement l’histoire : Rio Bravo relate la défense d’une prison par le shérif Chance (John Wayne) et ses amis. La cause ? Avoir mis la mauvaise personne derrière les barreaux : le frère de Nathan Burdette (John Russell), le plus grand propriétaire de la région ; ce dernier est particulièrement connu pour ses méthodes brutales. S’il y a bien des grands affrontements au pistolet, la particularité de Rio Bravo est de mettre en avant l’attente des personnages, plutôt que leurs moments de bravoures : si Chance veut réussir, il doit rester concentré pour faire face aux possibles assauts de l’adversaire ainsi qu’aux problèmes personnels de ses compagnons et en particulier Dude (Dean Martin), son adjoint alcoolique. Tout le film est hanté par cette possibilité d’un événement dévastateur et Hawks travaille sur cet entre-temps qui oscille, de manière fluide, entre un inconfort certain et une forme d’insouciance (pas si étonnant si on connaît les autres films du cinéaste). Toutes ces nuances tiennent à un amoncellement de détails, mais j’ai choisi de n’en garder qu’un en particulier. [...]
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