Ou comment cette réplique de Depardieu résume parfaitement ce film. Générique d'intro beaucoup trop long s'enchainant sur une séquence caméra embarquée nauséeuse. Elle-même ouvrant l'intrigue sur un Gérard Depardieu qui en a déjà marre d'être là. Des débuts fort peu prometteurs, en somme, dont même le casting ne semble pas pouvoir sauver.
Et c'est en partie vrai, Rive droite, rive gauche pêche sur énormément de points dans ses premiers moments, parce qu'étonnamment, au bout d'un certain temps, la sauce prend totalement. Pour en revenir à ces débuts laborieux, les répliques sont nazes, les personnages secondaires ubuesques (Baye qui se fait prendre en sandwich par deux "scientifiques" qui ne lâchent pas leur blouse pour aller boire un café, allô). Les plans ne font aucun effort, Baye se trimballe en fringues froissées… en gros, on est sur du niveau Sous le Soleil. Les scènes de colère sont toutes plus abracadabrantesques les unes que les autres, aucune n'est crédible; j'ai pas pu m'empêcher de rire à chacune d'entre elles. Et je décerne, non sans mal pour départager les concurrents, la palme d'or du délirant au jingle de RTL qui poppe de nulle part à la fin, c'était magique.
L'intrigue essaie pourtant de mener ses personnages quelque part et de dénoncer cette méchante méchante société qui oblige les femmes à passer sous le bureau pour percer et les avocats à mentir pour défendre les pires des crapules (détourner de la nourriture destinée aux africains démunis, outrage suprême !). Bref, un monde de mensonge et d'hypocrisie qui asphyxie les cœurs purs que sont Depardieu et Baye. Sauf que c'est trop grossier, y'a aucune subtilité. Et, surtout, ça se perd totalement dans un flot de bêtise et une réalisation feignante et kitsch à souhait; la kissing scène en ralenti, c'est le must du must... (y'a 2/3 plans sympas mais sont totalement noyés). Je ne parle même pas de la bande son qui tente tant bien que mal d'instaurer un semblant de tension, mais qui échoue lamentablement à chaque fois.
On dirait que le réalisateur s'est constitué une liste de clichés et s'est donné pour défi d'en caser le plus possible dans son film. Amourette à l'eau de rose menée par un Depardieu séducteur fatal et lourd à se tirer une balle : on est bon. Femme jalouse qui est prête à tout pour faire souffrir son époux : c'est bon aussi. La scène d'auto tamponneuse entre Bouquet et Baye, bordel, c'est anthologique à ce stade. Faut du mental pour rester sérieux dans une scène pareille; quelles grandes actrices, je tire réellement mon chapeau, j'aurais pas pu rester de marbre en jouant ce délire. Ou encore combats de haute volée (c'est ironique cette fois). Sérieux, c'est à se demander si Depardieu et son ami avocat se battent ou s'ébattent à ce stade.
Rive droite, rive gauche , ce n'est pas le film qui révolutionne quoi que ce soit. Kitsch, cliché, débile par moment, c'est pas caviar. Pourtant, peu à peu, le trio Baye/ Bouquet/ Depardieu parvient à captiver et porte le navire tant bien que mal jusqu'au générique final.