Navré une fois encore de casser un film de fan qui avec les meilleurs intentions du monde se vautre sans grande surprise en essayant d'offrir largement plus que ce qu'il peut délivrer, mais en réussissant quand même quelques trucs qui nous démontrent qu'on n'a pas affaire à un projet racoleur opportuniste. En cela, mon 3/10 est sévère, le film mériterait 4 ou 5 si l'on tenait davantage compte de ses intentions. Le résultat est en revanche sans appel.
Ayant réalisé un nanar avec budget zéro, je sais combien il est difficile pour un fan sans budget d'essayer de donner vie à un univers quel qu'il soit. Ici, c'est Mad Max II meet Dawn of the dead avec un gros zeste de Tarantino. Déjà c'est très gros. Toutefois, il semble que le film ait été développé pendant 4 ans par son réalisateur et son équipe, ce qui sent le film tourné entre potes avec donc une bonne ambiance. La forme technique est donc très laide, avec des cadrages hasardeux et des décors cheaps, ainsi qu'un montage qui frise parfois l'épilepsie. Aucune direction artistique en particulier, le film sature ses couleurs en intérieur ou la nuit et désature l'image en extérieur pour donner un côté poussiéreux bien moche, à l'exception du rouge pour le sang. Car le film en déverse des hectolitres. C'est d'ailleurs un des côtés techniques plutôt réussis, le film ne se limite pas question hémoglobine et n'arnaque pas son spectateur avec de régulières effusions de sangs et quelques mises à mort spectaculaires qui ont nécessité beaucoup d'inventivité pour un tournage de cette ampleur (ce sont surement ces effets spéciaux qui ont demandé beaucoup de temps en post prod). C'est donc assez bancal techniquement, mais plutôt généreux dans l'idée. Le côté post apo crie hélas la misère à chaque fois qu'il apparaît (seules les armures font illusion), sans parler du laboratoire militaire... Le système D n'aime pas les accélérés sans stabilisateur optique et les 4x4 thunés en 4 weeks ends...
Le scénario maintenant. Il fourmille d'idées, bonnes et mauvaises. Nous avons tout d'abord deux trames principales qui se rejoignent à la fin. Dans une, nous suivrons le parcours d'un père de famille tentant de survivre, dans l'autre sa soeur qui après avoir survécu à une attaque se fait embarquer par des militaires pour subir des expériences. N'y allons pas par 4 chemins, la seconde histoire plonge dans la nullité, la première a de bons moments d'efficacité et de parfaits moments de ridicule.
La première histoire est ultra classique dans les ingrédients (survie en territoire infecté), qui tente de doper son classicisme avec une mise en scène nerveuse, un ou deux plans séquences (ultra chiants à chorégraphier sans matériel) et une certaine cruauté avec son personnage de père de famille. Petite originalité : les zombies infectent aussi en sécrétant un gaz qui infecte la zone alentour. Le concept est réutilisé par la suite pour faire de ces zombies...
un carburant
... ? What ? Je ne sais pas si c'est une idée ça, mais why not, si le film l'exploite ! Il tente alors de jouer davantage sur le risque d'explosion (les zombies suivent de près les personnages) plutôt que de la jouer jouissif, ce qui est intelligent et très frustrant car on ne voit alors aucune explosion. Puis les histoires se rejoignent.
La seconde histoire commence par un petit numéro de voltige assez précaire, mais potentiellement réaliste et passe à une séquestration immonde visuellement et scénaristiquement. C'est un des plus mauvais plagiats de tarantino que j'ai pu voir ces dernières années. Comprenez qu'on a notre héroïne attachée à un mur, et qu'un scientifique en tenue de risque biologique arrive dans ce décor absolument minable, il met une musique rétro et se met à danser dessus en torturant des zombies et des cobayes humains. Et ce mec fait ça tout le temps quand il rentre dans le cadre. C'est le "méchant" de l'histoire. Parce qu'il est sadique gratuitement, m'voyez. Jusqu'à ce qu'il meure d'une façon inhabituelle (loin d'être jouissive) qui débouche sur la convergence avec la première histoire. Bref, ce personnage est insignifiant et vide, et cette mise en scène qui insiste lourdement sur son sadisme gratuit est crispante. Cette histoire contient aussi un gros twist polémique, puisqu'elle vire sur une sorte de remake de Resident Evil (de Paul W. S. Anderson avec les pouvoirs surhumains d'Alice)., dont on pourra longtemps débattre si c'est bon ou mauvais...
Ainsi, le film cumule les idées, hélas de qualité bien variables, sans parvenir à se débarrasser de ses lichés de fonctionnement (la présentation de Benny, assommante). C'est aussi l'humour complaisant qui m'a posé un problème. Le film a beaucoup de mal à gérer le ton de sa narration. Plusieurs séquences sérieuses sont réussies, essentiellement les combats pour la survie de nos personnages, et les scènes gores défouloirs. Mais avec un budget pareil, à moins d'une réalisation sans faille (type Eden Log), l'humour est indispensable pour se rendre sympathique. Et ici, il arrive régulièrement d'une façon très lourde qui m'a clairement empêché de rire. Le sadisme d'opérette du scientifique, son cri de pucelle, la mort accidentelle du compagnon d'infortune dans la première histoire... Autant de gags gênants qui ne fonctionnent pas mais que l'on doit s'imposer pour suivre le déroulement de cette histoire.
Finalement trop ambitieux pour ses moyens (et pas assez original pour se démarquer de ses inspirations), Road of the dead a au moins cette générosité dans le ton qui autorise à un peu de compassion pour cet objet davantage destiné aux projections locales et aux soirées bières entres potes du réalisateur et de l'équipe technique ("tas vu ? Je joue ce zombie là qui se fait exploser la gueule ! J'ai encore la marque du pétard, là...") qu'à une exploitation sérieuse et efficace. C'est encore un objet qu'on pourrait croire arriver d'internet, où seul Le visiteur du futur a réussi à trouver un équilibre (et encore, sans prétendre se lancer dans le cinéma) entre scénario, effets spéciaux approximatifs et suggestion