Avec l'aide du documentariste Chris Smith, Robert Downey Jr va filmer les dernières années de son père, Robert Downey Sr, car il est frappé de la maladie de Parkinson, et cela peut être l'occasion pour les deux hommes de se rapprocher avant que la mort ne les éloigne définitivement.
Petit sensation du Festival de Venise 2022, Sr. a été acheté par Netflix, tout comme le précédent documentaire de Chris Smith, le formidable Jim & Andy. Ici, c'est une plongée en profondeur dans la famille Downey, où le père réalisateur fera tourner son fils dès l'âge de 5 ans (avec comme première réplique où il demande à quelqu'un de chauve si il a des poils sur les coui... !), puis le fera plonger avec lui dans l'enfer de la drogue, pour au final se rapprocher à la fin de sa vie, car il décèdera en 2021. On voit bien que ça été tourné sur plusieurs années, Junior a globalement la coiffure de Tony Stark, puis à la fin va avoir les cheveux rasés pour préparer son rôle dans Oppenheimer. Tout comme l'état de santé de son père qui se dégrade rapidement, jusqu'à ne plus pouvoir bouger de son lit dans les dernières semaines.
Mais loin d'être quelque chose de morbide (malgré l'image en noir et blanc), j'y vois pour l'un et pour l'autre une forme de catharsis, une façon de se dire enfin, à travers une caméra, ce qu'ils ne se disaient pas. Il y a aussi de très beaux moments sur la maman de Junior, Elsie Ford, ainsi que sur la seconde épouse de Senior, Laura Ernst, décédée des suites de la maladie de Charcot, et qui va agir comme détonateur pour ce père souvent jugé immature (dixit lui-même), et ainsi arrêter pour de bon les drogues. Contrairement à son fils qui mettra dix bonnes années, et la rencontre avec sa femme (et productrice), Susan Downey, pour stopper.
Il ne faut pas y chercher une logique, ni une narration, ça part un peu dans tout les sens, on parle assez peu de cinéma (bien qu'on y voit quelques extraits de ses films, Putney Swope en tête) mais c'est touchant de voir sous son apparente décontraction et cynisme un Robert Downey Jr qui semble parfois au bord des larmes, notamment quand il parle avec son thérapeute quelques semaines avant la mort de son père, et qu'il voit son état de santé se dégrader.
Au fond, il est dommage de ne pas avoir un accompagnement éditorial autour du film, car si la porte d'entrée Robert Downey Jr nous facilite la tâche, celle concernant son père est beaucoup plus mince, étant donné que 99,99 % de son œuvre nous est inconnue, car c'est avant tout du cinéma underground de New-York. Mais le documentaire a quelque chose d'émouvant, car les rapports entre père et fils peuvent parler au plus grand nombre.