Disney à Sherwood
J'ai dû voir ce film probablement en 1973 ou 74, j'avais donc entre 14 et 15 ans, c'est encore un âge où je m'émerveillais facilement devant un dessin animé, et je me souviens que celui-ci m'avait...
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Dernièrement, mes visionnages des Disney d’antan se suivent et se ressemblent : du moins cela est-il vrai depuis Merlin l’Enchanteur, qui préfigurait fort bien l’écart usuel s’instillant entre des souvenirs embellis par la nostalgie et une relecture « adulte ». Robin des Bois abonde d’autant plus en ce sens que, par-delà une affection enfantine désuète, celui-ci pâti d’une redite formelle des plus prégnantes et d’une intrigue hautement simpliste : divertissement limité en conclusion ? Rien n’est moins sûr.
Le projet, longtemps en gestation chez Disney, tenait du mash-up entre deux univers destinés à s’entremêler : l’indécrottable et iconique Robin des Bois, et le plus discret Roman de Renart, permettant ainsi la rencontre du célèbre justicier avec son animal-totem le plus évident qu’est le goupil. On ne s’étonne également guère de retrouver aux manettes Wolfgang Reitherman, coutumier du fait, à ceci près que l’intrigue sera ici exclusivement tenue par des protagonistes faits de crocs, griffes et autres plumes.
Pour le reste, le récit s’en remet donc aux facéties d’un Robin ayant à cœur de tourmenter le cupide Prince Jean, très proche de son argent et enclin à la névrose obsessionnelle, le tout dans une atmosphère très guillerette, avare en chamboulements (significatifs) de tous poils au profit d’un humour généreux. Plaisant à défaut d’être passionnant, Robin des Bois outrepasse pourtant pareil constat en faisant preuve d’une écriture parfois délicieuse : car si les tenants et aboutissants du tout sont bien cousus de fils blancs, force est de constater que les dialogue allègrement ampoulés, mais de circonstances, font mouche à n’en plus finir, chose à laquelle le doublage n’est pas étranger.
Un atout proprement luxueux à l’échelle d’une production animée, quand bien même ses morales relativement douteuses auraient fait grincer quelques dents d’époque : ne leur en déplaise, la malice justicière d’un Robin astucieux comme valeureux, doublée d’une élégante plume ambiante, dote le film d’un charme sans pareil. L’effet est d’autant plus envoûtant qu’il parvient à compenser en partie les limites précitées, telle une linéarité narrative quelque peu plate.
Comme évoqué, son style graphique ne fait également pas de merveilles en recyclant nombre d’éléments issus d’œuvres antérieures, notamment en ce qui concerne l’animation de ses personnages : ici, Baloo incarne Petit Jean, au même titre qu’un Kaa raccourci en un Triste Sire lui empruntant également son don pour l’hypnose. Comptant parmi les derniers projets validés par Walt Disney peu avant sa mort, gageons que l'ombre de ce dernier n’est pas étrangère à l’ambition moindre du projet, qui comme d’autres avant lui semble reposer sur des acquis de longue date.
À défaut d’enthousiasmer comme autrefois, il ne faudrait pas non plus en dresser un tableau désabusant car, encore une fois : à magie éloquente, signature réjouissante.
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Créée
le 20 mars 2019
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