Et c'est moi qu'on traite de barbare
Revu hier, en DVD. En fait, j'hésite entre le 6 et le 7. Ce film est un curieux mélange entre la parodie et un truc plus sérieux où on traite notamment de l'oppression des peuples et de la cupidité du clergé.
Un peu à l'image de Waterworld, Robin des Bois : prince des voleurs, oscille entre deux genres qui fait que, finalement, le spectateur ne sait pas trop sur quel pied danser. Prenons par exemple le shérif de Nothingam. Il est à la fois ridicule et suffisamment cruel pour qu'on s'inquiète pour Robin et Marianne. Le personnage n'a pas beaucoup de considération pour les autres, même pas les membres de sa propre famille. La seule chose qui l'intéresse, c'est monter sur le trône. Et si, pour cela, il faut affamer les paysans et poignarder son cousin, aucun souci. C'est aussi un gars qui offre comme cadeau de mariage la pendaison d'une dizaine de rebelles, dont un enfant. Mais, à côté de ça, c'est une grande folle qui court dans les couloirs en hurlant, qui fait attention à son reflet dans le miroir, qui ordonne sans vraiment se salir les mains et qui a une confiance aveugle en une vieille folle affublée d'une magnifique lentille bleu pâle. De fait, si on sent qu'il est incapable d'exprimer une quelconque tendresse ou culpabilité, tout le reste de son comportement nous dresse le portrait d'un homme assez inoffensif en vérité.
Et tout le film est comme ça. Là où on aurait pu avoir une histoire très sombre, l'ensemble est traité avec une légèreté qui fait qu'on ne craint pas grand-chose quant au sort des héros. C'est clairement là un scénario pop-corn où on ne frissonne même pas un peu, où on sourit du début à la fin sans se dire un seul instant : "arrivera-t-il à sauver Scarlett ?". Ceci dit, une fois qu'on le sait, le film se laisse regarder sans trop de problème.
A condition de ne pas non plus être trop regardant sur les coupes de cheveux, sur les effets spéciaux et les trucages divers (cf. la lentille de Mortianna). Pas trop tatillon non plus sur la réalisation et ses zooms sur la cime de sapins, ses travellings sur la réaction du grand méchant et ses gros plans sur le visage de Nothingam et d'Azeem. Et surtout, ne pas oublier que le film date de 1991, ce qui affecte pas mal la pellicule.
Néanmoins, là où RdB : PdV (oui, c'est moins long à écrire) aurait pu se prendre une vieille note, il obtient tout de même un 6,5 (ici sous la forme d'un 7) parce qu'il m'a permis de passer un bon moment. Parce que j'aime les réflexions d'Azeem, le choc des deux cultures et l'humour omniprésent (un poil trop parfois). Et puis un Alan Rickman complètement perché, ça se regarde au moins une fois.