Dans une ville du littoral breton,comme partout en France,le chômage et la pauvreté font des ravages alors que les notables s'en mettent plein les poches.Mais un gamin pas dépourvu d'aplomb fédère les chômeurs et mène une croisade consistant à dépouiller les riches pour redistribuer l'argent aux pauvres tout en inventant des solutions afin de créer des emplois.C'est comme Robin des Bois mais on est en Bretagne donc on l'appelle Robin des Mers,ce qui situe bien le niveau humoristique du film.En ces nineties finissantes,Jean-Pierre Mocky était déjà sérieusement dans le potage.Peinant à faire produire et distribuer ses films,il tournait à l'économie et faisait presque tout lui-même.Ici il est producteur,via sa boîte Lonely Pictures,réalisateur,scénariste,monteur,acteur et même distributeur puisque le film,en-dehors de quelques salles en province,ne sera projeté à Paris qu'au Brady,le cinéma lui appartenant.Comme souvent,JP s'est plaint amèrement de cette situation en prétextant une censure exercée à son endroit.Le gouvernement avait peur de ses oeuvres et voulait le baillonner en faisant pression sur les producteurs et les exploitants car il gênait.Le pire est qu'il croyait sans doute ce qu'il racontait mais la vérité oblige à dire que c'est surtout la scandaleuse nullité de ses films qui était de nature à effrayer des décideurs peu désireux de risquer leur pognon dans de telles catastrophes prévisibles.Et là ça ne loupe pas,"Robin des Mers" est un naufrage.Une photo quelconque du besogneux Edmond Richard,heureusement rehaussée par la beauté des paysages de Saint-Malo et des environs,une musiquette libre de droits,un tournage fauché qui a dû être bâclé en moins d'une semaine,tous les voyants sont au rouge.Cet interminable pensum d'une heure vingt semble durer le double et se traîne lamentablement au gré d'une intrigue oscillant entre burlesque de fête foraine et anarchisme de cour de récré.Mocky,en grande forme,s'avère incapable de donner le moindre élan ou un minimum de naturel à ses scènes,pas plus que de diriger ses acteurs,qu'ils soient adultes ou enfants,ni ses figurants.Du coup on se croirait dans un film amateur tourné par des lycéens le week-end avec le caméscope de papy.Pour ce qui est du scénario,il livre un constat malheureusement pas neuf et tout-à-fait exact qui aurait mérité un meilleur traitement.Hélas tout est d'une bêtise crasse et on suit consterné les aventures à deux balles d'un gamin tête à claques doté du charisme d'une plaie variqueuse,ce qui ne l'empêche pas de mener la révolte.Il parvient de manière totalement inepte à s'assurer toutes les complicités nécessaires,du curé au juge,de l'énarque retraité à l'employée de l'ANPE et jusqu'à la fille du député,son ennemi juré,qu'il va séduire.Les méchants et les forces de l'ordre sont d'ailleurs si ridicules et se font si stupidement berner d'un bout à l'autre qu'ils apparaissent finalement totalement inoffensifs.Quant à la solution miracle préconisée,elle consiste simplement à augmenter le nombre de postes dans la fonction publique,aux frais du contribuable donc,et JPM n'explique nullement comment combler la majeure partie des emplois perdus dans la désindustrialisation provoquée par le machinisme et les délocalisations.Les comédiens,même ceux qui sont bons à la base,sont en totale surchauffe et font n'importe quoi dans l'illusoire espoir de limiter la casse.Ce sont tous des familiers du Mocky Club comme Roland Blanche,Jacques Legras,Jean Abeillé,Michel Francini,Henri Attal,Dominique Zardi,Nadine Vasil,Evelyne Harter,Christian Chauvaud,Jean-Pierre Clami ou Christophe Bier,qui est aussi assistant réalisateur.JP,lui,s'est réservé un petit rôle muet car son personnage a fait voeu de silence,ce qui est une bonne idée.Quant au môme,il se nomme Pierre Caralp et récite son texte comme s'il débitait une poésie en classe.On ne l'a jamais revu,comme quoi il n'y a pas que des mauvaises nouvelles.