Ne sous-estimez pas Robocop ! Malgré son titre de film de série B, il égalise avec le premier Terminator. Avec Paul Verhoeven derrière la caméra, on sait que ce n'est pas un simple film de science-fiction. Sorti à la veille de la Guerre du Golf, où les frappes "chirurgicales" robotisés par des drones étaient diffusés à la TV, on se dit que notre cher Verhoeven avait vu juste en abordant la technologie dans l'armée de proximité, la police. Dès l'ouverture du film, il y dénonce une hypocrisie du système entre les idées et les actes. On construit des stations spatiales internationales, mais le gouvernement US s'immisce toujours autant dans les conflits étrangers pour renverser un pouvoir. 1987 c'est l'ère Reagan, les années yuppies, superficielles, époque du chacun pour soi, de la propriété privé, sécurisé, contrôlé, détenu, numéroté, protégé. Robocop est une véritable satire sociale ! L'OCP, société privé, s'infiltre dans les services de Police pour y développer un projet d'unité robotisé, qui, elle ne fait pas grève. Son personnage principal, une fois assassiné, ou plutôt crucifié sur l'autel tel Jesus par Satan, va ressusciter. C'est le Jesus américain des années 80. Celui qui ne tend pas l'autre joue mais qui se venge. Pas vraiment humain, pas vraiment robot. Un mix des 2, avec les problèmes existentiels qui vont avec. Verhoeven ayant eu soin de dénoncer auparavant avec l'ED-209 les dangers, ou du moins les craintes, de tout délaisser à la technologie.
Les ressemblances avec des classiques tels Metropolis de Fritz Lang sont bien plus proches qu'on le pense, surtout au niveau de son personnage principal que ce soit le costume où l'attitude. Rajoutez même un peu de Frankenstein ! Mais l'autre film sur lequel on ne peut éviter la comparaison est bien entendu Terminator. Le film tech-noir de Cameron. Et osons, il n'a pas a en rougir. L'introduction de Robocop est incroyablement juste. De la mise à mort de son personnage humain à son transfert total en vue subjective où on aperçoit quelques rares secondes sa face, avant de nous la dévoiler de manière théâtrale. On pourrait aussi rire des effets spéciaux en stop motion de l'ED-209 ou de Murphy lors de son meurtre, mais c'est à l'instar des effets du squelette du T-800 sortant des flammes ou d'Arnold se regardant dans le miroir. C'est l'époque qui veut ca, et c'est foutrement nostalgique et bien moins ridicule finalement que les films récents tournés à 90% sur fond vert. Le film est de plus doublé d'une incroyable émotion, comment ne pas avoir la chair de poule sur ce plan en contre-plongé où Robocop rampe à terre, assassiné à nouveau, mais cette fois ci par les siens, avec cette sublime et héroïque bande-son incroyablement juste et pleinement dans le thème du film.
Des effets rarement grandioses certes, des acteurs passables, des clichés par centaine, des répliques loin d'être du Shakespeare, et pourtant... Verhoeven réussit à lui insuffler le plus important... Une âme... Faisant de Robocop son meilleur travail de Science-Fiction et rivalisant sans crainte dans la culture populaire avec l'œuvre de son collègue Cameron. Chapeau !