Amateur de Verhoeven depuis le premier jour (Starship Troopers est un de mes films préférés), il m'aura pourtant fallu un certain temps pour me décider enfin à visionner ce qui constitue pour beaucoup son ultime chef d'oeuvre.


Passées quelques minutes d'exposition un peu longuettes, Robocop envoie la sauce et fait apparaître son héros éponyme à l'écran. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ce dernier pète la classe. Marchant sur les traces du Terminator de Cameron (son grand frère avoué), le cyber-flic assure le show de par sa prestance et quelques punchlines terriblement efficaces. Les effets spéciaux du génial Phil Tippett, ayant beaucoup moins bien vieillis dans le reste du film (l'animation de l'ED-209 ou la chute finale sont à jeter), trouvent leur point d'orgue lors de la scène culte où l'androïde retire son masque pour montrer à sa collègue le visage de l'homme qu'il était auparavant.


Le second atout majeur du film est fatalement sa musique. Basil Poledouris signe une partition sans faille qui accompagne chaque fait d'armes du cyborg dans une ambiance héroïque et fanfaresque.


Du reste, il serait de bon ton de rappeler que c'est bel et bien le Hollandais violent qui réalise. Celui-ci met particulièrement l'accent sur le gore et la satire, peignant une société en décadence dans un Détroit qui tient plus du présent que du futur, où les criminels et les hommes d'affaires ambitieux ont pris le pouvoir. Les médias sont une fois de plus omniprésents, et essuient une critique cinglante au travers des sourires hypocrites arborés par les journalistes lorsque ceux-ci transmettent les faits-divers les plus morbides (aspect également présent dans Starship Troopers).


Mais surtout, l'héroïsme et l'identité humaine sont subtilement remis en cause, à travers le sort peu enviable qui frappe l'infortuné policier Alex Murphy. Dans un mélange intelligent de western, de drame et de science-fiction, l'homme qui n'en n'est plus vraiment un, abandonné par une autorité incompétente et trahi par des puissants corrompus, décide de faire justice lui-même, lavant son honneur dans le sang et mettant la pâtée à des bandits tous plus laids et malfaisants les uns que les autres. Si la coiffure de Nancy Allen et les costumes ont pris l'âge (le film a tout de même presque 30 ans), le tableau demeure on ne peut plus intact dans sa dimension cynique et provocante.


N'oublions surtout pas le casting impeccable, dont la majorité, malheureusement, ne rencontrera guère plus de renommée malgré le succès du film (en particulier l'acteur-titre, Peter Weller).


Au final, même s'il n'est pas forcément appréciable à tous les niveaux pour tout cinéphile qui se respecte, ce Robocop est une belle réussite, article unique en son genre et bien à la hauteur de sa réputation. A voir.

reastweent

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