Robowar
3.7
Robowar

Film de Bruno Mattei (1988)

1987, Predator de John McTiernan sort sur les écrans un peu partout à travers le monde est rencontre un joli succès. Il n’en fallait pas plus pour que l’Italie se lance immédiatement dans une copie lowcost du film. Et quoi de mieux que le spécialiste de la série Z italienne, surtout si elle repompe un film connu, pour mettre en boite ce nouveau méfait ? Oui, c’est à Bruno Mattei que l’on doit ce Robowar, qu’il a signé sous son pseudo américain Vincent Dawn, avec son comparse Claudio Fragasso (Zombi 3, Troll 2) au scénario, le tout tourné en moins d’une semaine à la va-vite aux Philippines. La première fois que j’ai découvert la bête, c’était lors d’une soirée nanar avec des amis, dans les années 90. Je n’étais pas prêt, et le peu que je m’en souvenais, c’est que ça avait été une sacrée partie de rigolade. 25 ans plus tard, une envie soudaine de me rafraichir la mémoire. Pour me mettre dans les conditions de l’époque, je lance le film en VF, pour encore plus de plaisir. Et 25 ans plus tard, je n’étais toujours pas prêt pour ce spectacle improbable qui sent la sueur et la testostérone.


Dire que Robowar est un bon gros étron n’a rien d’exagéré. Nous ne sommes pas ici dans un Predator du pauvre. Non. Ce bon gros tâcheron de Bruno Mattei (Virus Cannibale, Cruel Jaws) est allé bien au-delà. Le film commence en nous présentant les protagonistes principaux, des gros bourrins qu’on nous qualifie comme les meilleurs des meilleurs. Ils sont l’équipe des « B.A.M.F », des Bêtes à Manger du Foin. Véridique ! Bon, en VO, c’est un peu mieux puisqu’ils sont les Big Ass Motherfuckers, mais la VF est en roue libre (on y reviendra). Ils boivent des bières, ils fument des pétards à la cool, et ils sont cons comme des manches à balai. Je ne sais pas qui était le costumier du film, mais à quel moment il s’est dit que voir un gros blond bourrin et baraqué habillé comme une ado de 14 ans, pantalon taille haute, t-shirt moulant bleu-ciel au-dessus du nombril, ça allait le faire ? Bref, nous sommes face à des champions. Et comme des champions du genre, c’est toujours très fin, rien d’étonnant à les voir balancer une réplique du genre « Défoncés et pédés, et je te parie qu’ils ont le sida, tu crois pas toi ? ». Ce à quoi on lui répond : « Si tu veux des sensations fortes Bill, tu peux toujours embrasser mon cul de blanc ! » Des poètes je vous dis. Des poètes qui ont un cerveau pour sept, mais des poètes quand même. Enfin… des poètes selon Bruno Mattei. Et je vous passe les « Fais attention, la prochaine fois que l’un de nous se fait descendre, Quang il va te couper les testicules et il va te les enfoncer dans la gorge ». Aucune idée si la VO est comme ça ou si c’est les doubleurs qui ont craqué leur slip mais quand une ligne de dialogue d’un étranger est prononcée comme ça « laché toun flingue ou yé bé la touer ! », on sait de quel côté penche la balance.


Comme ce sont tous des abrutis finis, le sketch des Inconnus sur le bon et le mauvais chasseur prend ici tout son sens : ils voient quelque chose bouger, ils tirent. Ou plutôt ils vident le chargeur de leur sulfateuse comme des gros débilos, ils canardent dans tous les sens sans jamais se poser de question. Mais heureusement, le robot Omega-1 (le Robowar du titre) est tout aussi con qu’eux. Ah le robot… le méchant robot… Quand je vous disais qu’on est dans un Predator du très très pauvre, il faut le voir pour le croire. Un pauvre mec en pantalon en cuir noir, avec un haut en cuir dur qui nous donne l’impression qu’il a de la poitrine, avec un casque de moto noir à peine customisé. C’est ça le robot high tech qu’on nous vend ? Non parce son équipement n’a rien de High Tech. Mais pire que son look, il y a sa vision que je qualifierais de cryptage Canal+ (les plus anciens comprendront). C’est monochrome, pixélisé à mort, on n’y voit rien, et lui aussi semble y voir comme à travers une pelle. Et pire que son look et sa vision réunis, il y a sa voix. Il parle avec une voix de crécelle trafiquée par ordinateur absolument ridicule avec une phrase qu’il semble répéter en boucle et dont on ne bite pas un broc. Si on tend bien l’oreille, on arrive à deviner quelques mots comme « Feu » ou « Humain », mais c’est bien peu. A quel moment ils se sont dit que ça serait classe ? A quel moment ils se sont dit que ça ferait badass ? A quel moment ont-ils sniffé trop de rails de coke ? En tout cas, l’amateur de nanar sera aux anges car ce méchant vaut son pesant de cacahuètes et les cadavres qu’il laisse, avec des corps gluants en décomposition, sont assez craspecs et visuellement réussis.


Robowar est mis en scène n’importe comment et il y a fort à parier que Bruno Mattei n’ait rien compris à la mise en scène de John McTiernan. Il refait certaines scènes de Predator sans chercher à comprendre pourquoi elles avaient été faites de telle ou telle façon. C’est dépouillé de tout contexte, dénué de nuance et de logique au point que Robowar devient presque une parodie involontaire. Une grosse partie du film, c’est juste des mecs avec des gros bras et des grosses pétoires qui se baladent dans la jungle et qui regardent autour d’eux en jouant mal. Ce n’est pas passionnant, mais c’est dans le ton et ça fait office de remplissage. Comme la direction d’acteur est aux fraises, on attend juste patiemment qu’ils se fassent dégommer les uns après les autres parce qu’ils sont quand même très cons. Ils sont cons mais ils sont malgré tout sympas car, clone de Predator oblige, ils sauvent une demoiselle en détresse, en vidant leurs chargeurs comme d’habitude. Je mets ma main à couper que si elle avait été moche comme un pou, ils l’auraient laissée crever la bouche ouverte. Mais la plastique de Catherine Hickland les a fait trémousser. Elle ne servira à rien de tout le reste du film, pas même pour un plan nichon absolument gratuit, mais elle les suit, histoire d’apporter un peu de douceur dans ce monde de brutes dont les dialogues ne semblent mener qu’à des punchlines toutes aussi crétines les unes que les autres. Le film accumule les clichés à un point que cela en devient grotesque, à commencer par la musique qui semble être un melting pot de tout ce qui se faisait dans les années 80 dans le cinéma d’action, un mix rock / electro bontempi aussi kitch qu’étonnement entrainant et qui reste en tête. Robowar fait partie de ce genre de bobines italiennes des années 80 qui s’apprécie bien plus avec le combo potes / pizzas / bières. On se moque, on se marre devant ce spectacle aussi navrant qu’improbable.


Robowar est d’une nullité tellement intergalactique que ça en devient génialissime. Un bon gros nanar, un vrai de vrai, un comme on n’en fait plus, et surtout 1h30 de rigolade en compagnie de personnages cons comme leurs pieds.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-robowar-de-bruno-mattei-1988/

cherycok
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le 24 avr. 2023

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