Rentrons à l’intérieur...

Ken a regardé pour vous « Rocco »

Un film documentaire sur Rocco Siffredi, de Thierry Demaizière et Alban Teurlai, sorti en novembre 2016.

Rocco Siffredi est à l’industrie du porno ce que Mick Jagger est au rock’n’roll derrière cette imagerie marchande nous découvrons la prison physique et mentale de Rocco Siffredi et peut-être la nôtres...

Les cinéastes Thierry Demazière et Alban Teurlai ont accompagné la star du porno sur ses derniers tournages, lors de séjours en famille en Hongrie et à l’occasion de visites dans sa patrie d’origine. Un voyage dans les recoins les plus sombres de la dépendance sexuelle d’un homme, mais aussi un aperçu des coulisses d’une industrie qui vaut des milliards.

Voilà un documentaire qui sans en avoir l’air, ni peut-être l’envie au départ nous montre à voir un voyage au confins de notre société du spectacle de la marchandise et de notre réification, la liberté réduite à nos désir et nos désir à l’acte consommatoire tenus par le lien de tout les liens l’argent...

Un documentaire qui est dans sa conception formelle est extrêmement bien réalisé, avec une très belle mise en scène et de très beaux choix artistiques. Il n’a rien à dire le documentaire est beaux de la première images à la dernière, 1h46 qui passe sans que l’on se soit ennuyé et ceux grâce à des choix formels qui viennent servir à merveille un propos de fond qui dépasse largement l’histoire d’une star du porno...

Le film a plusieurs niveaux de lecture et c’est la qu’il est très intéressant ! On parle de Rocco de sa vie et de sa dépendance au sex, on y aborde un peu les coulisses du porno mais rien que l’on ne pouvait imaginer ou déjà connaître.

Ce qui est vraiment très intéressant ici et qui est parfaitement palpable c’est tout ce qui est dit, exprimé, vécu par les protagonistes du documentaire.

Les choix des réalisateurs en terme de captation et de montage nous révèlent la prison physique, psychologique, métaphysique dans laquelle ils choisissent de vivre malgré la compréhension très terre à terre des règles qui régissent ce monde, dans la sensation tangible de leur incarcération mais dans l’incompréhension totale des rouages profonds de cette prisons.

Se créé alors un schisme psychologique entre la perception du monde palpable et sa vison intérieur de soi, de son propre monde, in fine une annilation de soi même et l’emergence d’un être que l’on ne comprend pas, que l’on rejette. Les protagonistes tombent alors dans une révolution réifiante dont il est très difficile de sortir. Une réflexion bien visible dans plusieurs scènes du documentaire et c’est une vrai réussite du film...

A travers une micro spécification marchande (ici porno star) le documentaire nous tend en faite un miroir, qui nous donne à voir la dialectique d’aliénation sociale dans laquelle nous vivons, le documentaire parle de nous et de notre relation à l’architecture sociale qui nous lie les uns au autres dans rapport de force, de domination et de pourvoir... l’argent c’est ça, une dialectique d’aliénation sociale...

La vie de Rocco et un exemple de réification contemporaine, de son addiction au sex, de son rapport aux autres et à lui même, il est un révélateur de ce que l’on subit à différents niveaux comme changement profond de notre idiosyncrasies au quotidien et sans pouvoir y échapper...

Un documentaire pour moi important qui est touchant, drôle, inquiétant, repoussant, exaspérant, une photographie sans concession des rouages profonds de notre société et de nous mêmes...

Je donne à Rocco 3,5 coupes de fruits sur 5.