(...) Ce film, qui annonçait déjà les prémices d’un monde moderne, renvoie à la place que l’on peut s’autoriser à prendre dans la société : est-ce la famille qui décide, l’éducation, la pression sociale, l’opportunité de vivre une autre vie, les rencontres ? Le film aborde également avec beaucoup de vérité et théâtralité tous les sentiments auxquels nous convient les relations familiales: la loyauté, la trahison, la jalousie, la déception, le devoir et l’honneur, le pardon et l’importance de nos racines. Mais la perdition de Simone dans l’alcool et le jeu, son rejet par le monde de la boxe qui lui avait apporté un temps la gloire, l’engrenage infernal des dettes et du vol, sa mise au banc de la famille, sa solitude, et l’humiliation ressentie car repoussé par la femme qu’il aime, le mèneront jusqu’à l’issue extrême : le meurtre de Nadia… une scène très réaliste que le réalisateur Emir Kusturica a lui-même décrit comme le sommet du cinéma du XXème siècle. On avait oublié à quel point Annie Girardot était une merveilleuse actrice, aussi naturelle, passionnée, intuitive et lumineuse ! Elle offre au personnage de Nadia une composition tour à tour joyeuse, légère, grave et désespérée face à l’injuste décision de Rocco et à son impuissance à changer son propre destin (...)
Critique par S.N., pour Le Blog du Cinéma