J'ai été entraîné par les meilleurs : les services secrets britanniques
Je vois que Rock a une petite moyenne sur Senscritique et, bien que je pourrais comprendre pourquoi, je ne peux que lui mettre un 8 (et encore, j'ai momentanément hésité avec un 9, mais vous verrez ensuite pourquoi ça ne le méritait pas).
Rock fait partie de ces films que j'ai déjà vu un certain nombre de fois, dont je connais tout le dénouement mais pas encore toutes les répliques (n'exagérons rien). Et pourtant, j'ai vécu le film à fond hier soir lorsqu'il passait dans mon lecteur DVD. J'ai ressenti la même énergie m'envahir quand nos héros courent dans tous les sens à la recherche des missiles disséminés sur Alcatraz, les mêmes battements de cœur frénétiques quand les avions de chasse foncent droit sur le rocher pour le transformer en feu de joie et la même envie de coller des tartes à Fry et Darrow quand ils s'insurgent de l'arrêt de la mission.
Il faut dire que tous les acteurs sont excellents. Même Nicolas Cage qui, pour une fois, n'en fait pas des caisses et ne pète pas inutilement des câbles. Il campe ici un biochimiste du FBI, bien rouillé question terrain, qui a quelques morceaux de bravoure mais qui préfère quand même se rouler sur lui-même dans un chariot de mine quand ça commence à canarder. A côté de lui, on a un Sean Connery tout en classe écossaise qui se balade dans la célèbre prison investie de mercenaires comme si c'était la supérette du coin et qui n'oublie pas de délivrer de délicieuses piques à l'encontre du bureau fédéral de l'intelligence américaine. Ed Harris (le général Hummel) est tout simplement génial en commandant révolté contre l'injuste traitement de ses Marines tombés au combat dans des missions qui n'existent même pas sur le papier. Un général qui s'est entouré de ses meilleurs hommes encore en vie (magnifique Baxter (David Morse), fidèle jusqu'au bout) et de deux têtes brûlées avides de sang et d'argent. Un général qui va peu à peu voir la situation lui échapper et prendre une tournure qui va à l'encontre de ses principes.
Les deux autres acteurs principaux de la réussite de ce film, c'est Alcatraz elle-même et la musique. La prison parce qu'elle est visitée ici de fond en comble : on commence dans les égouts avant de terminer sur les toits. Tout est en ruine, rongé par la rouille jusqu'à l'os, la peinture s'écaille, le métal se contorsionne, ça grince, ça couine et ça sonne creux. Mais ça donne aux acteurs et aux spectateurs un terrain de jeu immense où on peut se planquer absolument partout (même dans une baignoire), où les ennemis et les alliés sortent de tous les recoins possibles. Idéal donc pour un film où le jeu du chat et de la souris est omniprésent. Et que dire de la musique. Hans Zimmer est aux commandes (avec Nick Glennie-Smith et Harry Gregson-Williams) et ça s'entend. Les notes nous prennent aux tripes et nous font cavaler comme des fous aux côtés des héros avant de nous faire ressentir de la peine pour ce méchant pas si méchant que ça. Je veux cette B.O.
Avec tout ça, pourquoi pas 9 ou 10 ? Mais parce que c'est filmé avec les pieds ! C'est dommage parce que le film commençait plutôt bien. Ces plans sous la pluie sont absolument superbes, la sortie de prison de Sean Connery parfaite aussi, même l'attaque de la poupée tueuse était bien cadrée. Par contre, la course-poursuite dans les inévitables collines de San Francisco est filmée avec le gros orteil. De même pour la partie souterraine de l'exécution du commando de Marines dans les douches, mais avec le petit. Je ne parle même pas du combat de Mason qui doit avoir été cadré avec les dents (à moins que la caméra ne soit soutenue par un bol de gélatine ?). Encore un qui n'a toujours pas pigé qu'une caméra qui bouge dans tous les sens ne rend pas l'action meilleure (au contraire, c'est flou, on pige rien et ça retourne l'estomac du spectateur). Le pire, c'est que certaines scènes d'action sont filmées sans un tremblement et sont donc bien claires (je pense notamment à l'assaut des hangars où le gaz est entreposé au début de l'histoire). Comme quoi, Michael Bay est capable de bien faire les choses.
Donc, c'est 8 parce qu'en plus le scénario est assez convenu. Mais pas moins, les acteurs étant tellement génialissimes (non mais, regardez-moi ce Fry, complètement allumé, habité par sa soif de lancer ces petits missiles sur le Golden Gate !).