L'idée de départ est astucieuse puisqu'il s'agit de devoir pénétrer à Alcatraz plutôt que de s'en échapper. Bon, c'est du Michael Bay, mais attention, pas le Michael Bay difficilement supportable de Pearl Harbor ou Armageddon, c'est le Michael Bay sympathique comme il l'avait montré dans Bad Boys, avec un vrai sens du rythme, parfois même aussi époustouflant qu'épuisant, tant il bat une sorte de record du monde du nombre de plans. Le prétexte et quelques éléments du récit peuvent parfois friser le ridicule, mais l'accumulation des séquences de rebondissements, de cascades et d'action achèvent d'absorber le spectateur lambda dans un vrai tourbillon de folie, un peu comme une lobotomie mais divertissante.
D'abord il y a un casting poids lourd absolument renversant : Sean en vieux briscard provoc, Ed Harris excellent en général accablé par le doute et le désir de justice, Nick Cage qui en fait parfois des tonnes et à la limite de l'exaspérant, David Morse, William Forsythe, John Spencer ou Michael Biehn... que des habitués des gros films d'action des années 90. Le scénario s'il parait mince au premier abord, renvoie quand même à des aspects occultes de la politique américaine sur ses différents conflits où Washington a relégué aux oubliettes ses soldats qui garantissent la démocratie et la liberté : un enjeu moral qui n'est pas assez souligné.
C'est avant tout une vraie grosse production à la Jerry Bruckheimer comme on aimait en voir dans ces années, menée à 100 à l'heure, où Michael Bay déploie son côté pyrotechnicien avec brio, en offrant notamment une poursuite hallucinante dans les rues de Frisco, un suspense décoiffant, un montage speed et une musique martelante façon Hans Zimmer, bref le plaisir total à grands coups de testostérone, un film d'hommes brillant et haletant, une sorte de prototype ultime dans le film d'action.