* http://www.youtube.com/watch?v=50TEM8OPFcY
1987, Los Angeles, Sunset Strip, territoire de la frange "glam" du hard-rock. A cette époque des dizaines de chevelus squattent comme des morpions les hautes sphères du Billboard. Armés de guitares, maquillés comme des putes, pailletés comme des boules à facettes et sapés les yeux fermés, ils évoluent en meute sous divers sobriquets tels que : Poison, Mötley Crüe, Warrant, Cinderella, Ratt, Faster Pussycat... Le Whisky A Go-Go, le Roxy ou le Viper Room sont leurs temples dans lesquels leurs fidèles viennent se prosterner devant eux.
"Rock Of Ages" ("Rock Forever" en "français" -sic-) tente de retranscrire sous l'exercice de la comédie musicale cette période dorée du glam juste avant que Guns n' Roses, Metallica et le tsunami grunge ne les noient définitivement.
Au sein de cette épopée, le film d'Adam Shankman, au CV peu reluisant ("Hairspray", "Baby-Sittor") est pollué par la sempiternelle histoire de la jeune provinciale venue tenter sa chance à L.A. et qui tombe immédiatement amoureuse du premier barman qu'elle rencontre ! Leur idylle est aussi stupide et dénuée d'imagination que n'importe quel épisode d' AB Production ! Elle a du talent, lui aussi mais perceront-ils ? Les amoureux se brûleront-ils les ailes face aux feux de la rampe ou est-ce que leur amour sera plus fort que tout ? Malgré la douleur que cela peut infliger : on s'en bat les couilles !
Ce qui relève l'interêt de "Rock Of Ages" est avant tout la perf' de Tom Cruise en rock star perpétuellement torse nu et tatouée, désabusée, insolente et imbibée. Il incarne, à 2 à l'heure, Stacee Jaxx, une sorte d'amalgame d'Axl Rose, Jim Morrisson et Jon Bongiovi qui ne se déplace jamais sans son singe Hey-Man ! Il est une fois de plus épatant, jouant à fond la carte du mythe et de la caricature. Par son charisme, Tom Cruise fend le film en deux tant la bleuette invraisemblablement chiante et ringarde est insignifiante comparée aux interventions de Stacee Jaxx.
D'autres stars jalonnent la pélloche : Catherine Zeta-Jones en épouse puritaine du maire ; Alec Baldwin en gérant de la salle imaginaire "Bourbon Room" qui perpétue la tradition familiale de mal vieillir ; Paul Giamatti coupe mulet d'époque en producteur véreux et Mary G.Blige qui ne sert à rien. Au dessus de ce lot, il y a Russel Brand, que je ne connaissais pas mais dont j'ai adoré le rôle d'english expatrié et excentrique. Il bénéficie d'une des meilleurs scènes lors de laquelle lui et Baldwin font leur coming-out.
C'est vraiment regrettable que la romance monopolisant la moitié du film entache ainsi "Rock Of Ages" comme une grosse bouse nauséabonde tant les perf' de Tom Cruise sont jouissives comme le voir on stage interpréter "Wanted Dead Or Alive" de Bon Jovi*, rouler une pelle baveuse qui déborde de la bouche de sa partenaire, se trimballer en string en cuir orné d' un faciès en relief de Satan de l'autre côté...
La bande-son est traversée d'extraits de morceaux originaux ("I Remember You" de Skid Row, "Cherry Pie" de Warrant, "Talk Dirty To Me" de Poison...) ou interprétés par les acteurs eux-mêmes ("Paradise City" de Gn'R par Stacee Jaxx, "I Love Rock n' Roll" de Joan Jett, "Pour Some Sugar On Me" de Def Leppard, l'anachronique "More Than Words" d' Extreme car sorti en 1990 !...). Les deux acteurs guimauves interprètent des chansons écoeurantes au diapason de leur chiatique romance.
En plus d' Eli Roth, une pincée de véritables rockstars y vont de leur cameo : Sebastian Bach (atteint du syndrome Baldwin ?) ou Nuno Bettencourt qui comme Cruise ne vieillit jamais !
Contrairement à l'époque évoquée, le langage est très châtié, pas un seul "fuck" n' entache les dialogues quand à la fin des 80's, il était si espiègle et savoureux de demander à son prof d'anglais ce que signifiait les "fucked up, fuck around, holy fuck, get the fuck out, shut the fuck up"...qui parsemaient les lyrics. Déni ultime de réalisme : pas un grain de coke ou d'hero n'apparait durant tout le film bien qu'elles furent indissociables du tryptique "Sex, Drugs & Rock n' Roll" !