Issu d'un travail collectif à travers des ateliers incluant adolescentes et travailleurs sociaux, Rocks possède une sincérité indéniable, renforcée par le jeu enthousiasmant de ses jeunes actrices, débutantes et convaincantes. Le caractère naturaliste du film voulu par Sarah Gavron, réalisatrice engagée (Rendez-vous à Brick Lane, Les suffragettes) fait sa force, avec certaines scènes puissantes, mais aussi, en quelque sorte, sa faiblesse, les principaux éléments de l'intrigue semblant trop écrits et quelque peu prévisibles (avec évidemment une fin plus qu'ouverte, béante), à l'opposé de la spontanéité de ses protagonistes. Dès lors, parler d'un "Ken Loach au féminin", sonne davantage comme un slogan marketing que comme une vérité absolue. Trop focalisé sur le vie de son héroïne, Rocks aurait pu développer davantage la solidarité de cette bande de filles et aller vers le film choral, tant sa diversité ethnique et l'exclusion quasi intégrale des adultes permettait une exploration plus dense de cet aspect. La mise en scène de Sarah Gavron, sans ampleur ni audace, est très décevante, nous servant une fois de plus le cliché occasionnel des prises de vue au smartphone, seule façon, semble t-il, de montrer qu'il s'agit d'un film autour de jeunes personnes. On se console de ce manque d'ambition formelle avec l'énergie communicative et positive de ces adolescentes, que Rocks traite avec une dignité et une absence de misérabilisme tout à son honneur.

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le 13 sept. 2020

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