En 1976, sortait un film surprenant.
Un film sur la boxe et les boxeurs, un drame mais pas une tragédie. Un film au budget microscopique écrit et joué par un acteur au bout du rouleau, vivant dans sa voiture et acceptant des pornos softs pour survivre.
Avec Rocky, Sylvester Stalone change sa carrière et change sa vie. Et Rocky, c'est lui, en moins malin.
Sly a pris les choses en main et au culot a proposé un scénario fin et introspectif sur un loser qui n'a jamais eu sa chance.
La production est indigente, ils manquent de pellicule, de figurants, devant même ré-écrire la scène de la patinoire sans aucun extras et par cette contorsion de production créent une des scène les plus intéressantes du film.
La musique si emblématique de Rocky, cette fanfare qui ne cesse de monter et de grandir est telle qu'elle est parce que Avildsen avait toujours besoin de 20 seconde de plus et le compositeur rajoutait la même variation indéfiniment. La débrouille qui touche au génie.
Mais Rocky, c'est avant tout une histoire profondément humaine, une métaphore du rêve américain et du rêve américain corrompu aussi bien dans le film lui-même que sur toute la saga.
Rocky Balboa, boxeur gaucher allant de combat minable en boulot minable, se retrouve à combattre le champion du monde de sa catégorie, Apollo Creed, grand champion totalement intégré au business paillette et représentation du métier.
Pour Rocky, c'est la chance d'une vie. Avec l'aide de Mickey, un vieux boxeur devenu entraineur avec qui il n'a pourtant pas une relation facile, d'Adrian, la soeur de son meilleur ami qu'il vient de commencer à fréquenter et son meilleur ami lui-même Paulie (qui peut être un problème parfois), avec eux donc, il va se préparer comme il peut pour un combat qu'il sait ne pas pouvoir gagner.
C'est David contre Goliath et le film traite le combat avec la mythologie nécessaire.
Si Rocky est un pauvre gars, gentil mais pas fut-fut, et Creed un ego sur-dimensionné sur pattes, le scénario ne les traite pas comme tels et leur donne profondeur et relief.
La mise en scène d'Avildsen est ingénieuse et pleine de sens, les acteurs sont parfaits. Un autre casting n'aurait pas donné le même film, il y a presque un état de grace.
Sly est habité avec un rôle qui lui colle à la peau comme un gant. Qui a dit que c'était un mauvais acteur? Il est subtil, son interprétation en finesse d'un personnage pas fin force l'admiration. Il faut dire qu'il est bien écrit.
Tout aussi bien écrite, Adrian, dont l'évolution au cours du film (et même de la saga) est un parcours de femme très intéressant. Rocky le roc a besoin de cette petite chose frêle qui semble prête à se briser à la moindre réflexion. Talia Shire est bouleversante par moment.
Carl Weathers crève l'écran en Apollo Creed et entre dans la légende et Burgess Meredith est un Mickey de hargne et de rogne qu'on aime quand même.
Reste Burt Young dans le rôle de Paulie. Un personnage complexe et compliqué. Paulie n'a pas toujours raison, il n'est pas toujours droit dans ses bottes, il est mesquin et mal embouché. Mais Young arrive à le rendre touchant, odieux mais touchant.
En conclusion, un très beau film, aux multiples thèmes entrelacés, qui a une âme.