"Le premier Rocky est le film qui a le plus compté dans ma vie".
Voici une phrase, lâchée par votre serviteur, qui fait toujours son petit effet dans une discussion. Entre les partisans d'un silence gêné - voire amusé -, ceux qui lèvent leurs sourcils d'incompréhension, ceux qui se mettent à gueuler « Adrieeeeeeeenne », et les plus rares qui vous cèdent un spontané "mais moi aussi !!!" (devenant ainsi vos meilleurs amis pour la vie).
Sly -vous permettez que je l'appelle "Sly" ? tous ses amis le nomment ainsi- a son nom au générique de pas mal de films désastreux. La liste est malheureusement très longue. "J'ai commis toutes les erreurs, toutes" consent-il à répéter. Celles-ci, il les assume et les revendique même, attestant qu'elles ont participé à le construire. Les interviews qu'il donne pour la promotion de son double filmographique sont passionnantes, riches d'humilité, d'humanité, de volonté, de sagesse, d'humour.
Comme Rocky, où l'histoire d'un looser pas très intelligent, plutôt moche, mais avec un courage et un cœur énorme, qui va décider de se battre, et pas seulement sur le ring. Il ne souhaite plus subir sa vie mais se mesurer à elle. Il va alors relever une succession de défis, avec modestie, sincérité, détermination, pour l'amour d'une femme, pour devenir une meilleure personne.
Au-delà du film, sa conception et son tournage posent déjà le mythe (pour bien plus de détails, je vous invite à regarder et lire les nombreux documents sur le sujet).
Le scénario est écrit dans une chambre de bonne, en quelques jours par un Stallone épuisé et pauvre. La boxe, même si elle est le poumon du film, n’est pas son sujet (15 minutes sur 114). C'est un long-métrage social, qui s'attaque au mythe de l’Underdog avec une très juste description du monde prolétaire, aidée par une galerie de personnage secondaires qui n’en sont pas.
Ce scénario, les producteurs veulent lui acheter immédiatement 100 000 dollars à la condition expresse qu'il ne joue pas dedans. Mais Sly, malgré la centaine de dollars restant sur son compte, refuse. Il est quasi inconnu, n'a aucun poids à Hollywood mais il ne cédera pas : Rocky, c'est lui et personne d'autres. Il finira alors par conclure un deal qui s'avérera judicieux : vendu 20 000 dollars avec un intéressement de 5% sur les recettes.
On connaît la suite. Le film, tourné en 28 jours, utilisera moult astuces pour compenser la faiblesse de son budget. Il coûtera 1 million, en rapportera 140, récoltera 10 nominations aux Oscars et en obtiendra 3 (dont celui de meilleur film).
Depuis, la musique de Bill Conti a dépassé le cadre du film, faisant, comme Rocky, partie de la Pop Culture.