[SanFelice révise ses classiques, volume 13 : http://www.senscritique.com/liste/San_Felice_revise_ses_classiques/504379 ]
Il arrive trop souvent qu'un film soit trahi par ses suites. Saw, Le Justicier de Nex-York ou Rambo ont laissé une mauvaise image parce que les suites ont terni leur image, mais souvent le premier épisode vaut mieux que le reste. C'est clairement le cas de Rocky.
Disons-le franchement : voir Rocky comme un film de boxe risque d'entraîner de fortes déceptions. Sur deux heures de film, s'il y a un quart d'heure de boxe, c'est bien le grand maximum. Bien sûr on y parle boxe, mais c'est loin d'être le sujet principal.
Alors, qu'est-ce que l'on a ?
Et bien, aussi étrange que cela puisse paraître, Rocky est un film social. Le portrait d'un italo-américain des quartiers pauvres de Philadelphie, obligé de vendre ses gros bras musclés à un usurier pour faire peur à ses créanciers. Un homme sans intérêt, dans un quartier minable, avec un boulot minable. Même le match d'ouverture du film est miteux. On est dans le fin fond de la misère.
Et puis, il y a ce match qui se prépare. Pour le grand champion, c'est avant tout l'occasion de ne pas perdre de contrat publicitaire. C'est avec une condescendance évidente qu'il va affronter un bouseux sans expérience. Mais pour Rocky, c'est l'occasion de saisir une chance.
C'est alors que le film, après une très bonne première heure, perd franchement son intérêt. On se retrouve en plein idéal américain, du style : "n'importe qui peut réussir s'il s'en donne les moyens".
Mais qu'importe, le film aura laissé une première heure vraiment surprenante, surtout quand on sait que Stallone a écrit lui-même ce scénario. Mais finalement, ce n'est pas une si grosse surprise que cela, si l'on considère l'aspect autobiographique du film. Rocky se fait appeler L'Etalon Italien, The Italian Stallion. La quasi-homophonie entre Stallion et Stallone n'est sûrement pas due au hasard. Cela fait donc de Rocky un film personnel, et cela donne une idée de la carrière qu'aurait pu faire Sly s'il avait suivi cette veine plus sociale.