La tournée monumentale de Roger Waters sur ce Wall lui permit enfin d'offrir un spectacle tel qu'il l'imaginait lors de sa conception, grandiose, spectaculaire, et carrément psychédélique.


Du The Wall, j'en ai bouffé à toutes les sauces, le concert de 1980 avec les Floyd au complet, d'une très grande qualité. Ou le fameux Wall in Berlin de 1990 où Roger accompagné d'une belle brochettes d'artistes tel que les Scorpions ou Cindy Lauper célébraient la chute du Mur de Berlin mais...il manquait quelque chose.


Bref, Roger Waters revient avec sa tournée, et en profite pour faire un film concert. Mais comme pour le film de 1982 sur The Wall, Waters est un acharné, et ne va pas hésiter à prendre contrôle sur toute la création du film. Alors quitte à montrer le concert dans son intégralité, autant raconter une histoire à part sur Waters qui part d'Angleterre jusqu'en Italie pour se rendre au Mémorial où est inscrit le nom de son père ainsi que celui des innombrables victimes de la Seconde Guerre Mondiale.


Donc oui, Roger Waters The Wall, ce n'est pas qu'un simple concert méga cool qu'on regarderait les étoiles plein les yeux, c'est aussi un film qui présente des enjeux, un artiste qui a un message à passer, et ça a toujours été une obsession chez Waters. Celui-ci étant activement impliqué dans la cause Palestinienne, il est particulièrement acerbe face à Trump et bien d'autres politiciens, je pense que Waters est clairement l'artiste le plus engagé de sa génération.


Mais revenons donc à The Wall, parce que du coup, le film enchaîne à la fois extraits de concerts filmés à différents endroits, plus également les extraits sur Waters qui roule en voiture, chiale sur une lettre destinée à sa mère annonçant la mort de son père, parle avec son frère, boit un verre en racontant à un barman comment son père est mort, etc... Et la première fois, j'ai trouvé ça insupportable. Waters me paraissait être un connard imbuvable qui, à travers un message anti-guerre, s'attardait beaucoup trop sur SON père, bien que je comprend que la mort d'un parent soit dévastateur, notamment dans le cas de Roger Waters qui ne l'a jamais connu.


Du coup, entre deux chansons du concert, le film s'arrêtait cinq minutes pour écouter Waters déblatérer tout son message anti-guerre, cassant ainsi le rythme du film.


Cependant, c'est seulement au bout du troisième visionnage (avec des enceintes à fond les ballons et en blu-ray), que j'ai enfin pu apprécier Roger Waters The Wall tel qu'il se doit. Car on ne va pas se mentir, malgré ses quelques problèmes de rythme, ce film est visuellement époustouflant, et ce, sur toute sa longueur. La photographie est travaillée comme j'ai rarement vu dans un film, rendant les scènes de Waters seul sublimes, surtout quand celles-ci sont accompagnées d'un accompagnement musical spécialement composé par Waters.


Et concernant le concert... putain ! Généralement, dans un concert, il y a différents spots de caméras, et c'est tout, on nous montre le concert de la façon la plus conne qui soit. Mais justement, le concert The Wall est filmé d'une façon différente. Comme si, le concert en soi était une histoire, et c'est le cas, puisque The Wall raconte une histoire, celle d'une rock-star qui s'isole derrière un mur psychologique et qui devient par la suite dictateur. Et c'est grâce à ce concert que j'ai compris qui était donc ce rock-star, c'est Roger Waters. Waters qui a perdu son père, qui a été élevé par sa mère, qui s'est émancipé par la musique, qui déteste une partie de son public (souvenez-vous du crachat sur un fan à Montréal qui a donné à Waters l'idée du mur), lui qui devient dictateur (Waters le fût au sein des Floyd).


Le fait que Waters soit justement le héros de cette histoire transcende l’œuvre davantage, car on se rend compte à quel point, The Wall est une œuvre personnelle pour lui. Du coup, on s'attache à Waters comme s'il était un personnage, un personnage dans sa propre histoire, et... j'avais jamais vu ça dans un film. Alors ça peut paraître très orgueilleux de la part de Waters, de faire un film sur lui, avec lui en tête d'affiche, mais bon, le résultat est tellement inédit et tellement réussi que je peux lui pardonner ça.


Parce qu'au final, le message qu'il s'efforce de délivrer passe. Tout le long du concert, Waters offre des séquences de dingue, comme cette liste de noms de personnes mortes dans des conflits dans « The Thin Ice », ces jeunes noirs qui dansent sur « Another Brick in The Wall part 2 », ces extraits de bombardements entre « Nobody Home » et « Vera », Waters qui sort une mitrailleuse dans « In The Flesh », la marche impériale des Hammer dans « Waiting For The Worms », le cochon volant sur toute la dernière partie du concert. Le spectacle est juste dingue, et j'envie ceux qui ont pu assister à une expérience aussi intense.


Les musiciens qui accompagnent Roger Waters sur la tournée sont très bons, bien qu'évidemment, Dave Kilminster ou encore Snowy White (déjà guitariste lors du Wall at Berlin) n'égalent aucunement David Gilmour, ou encore le fait que Waters chante des fois faux (il vieillit, c'est un fait), mais bordel, dans l'ensemble, ça envoie quand même du lourd.


Roger Waters The Wall, c'est juste une putain d'expérience musicale et cinématographique comme on en voit rarement tellement le résultat est splendide. C'est le genre de film avec des qualités tellement énormes, qu'on est prêt à lui pardonner ses défauts. En bref, il faut voir ce film, mais le voir dans de bonnes conditions, sur un bon écran, avec un super son (au cinéma, mais bon, j'étais pas allé le voir). Bref, à voir absolument.

James-Betaman

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