Non, ce n'est pas un vrai remake !
Déçu il y a quelques jours par le Rollerball de Norman Jewison dont j'avais pourtant de vieux et bons souvenirs, v'la-t'y pas que je tombe par hasard sur le remake en occase à deux euros. L'occasion faisant le larron, je me procure l'objet en dépit d'une affiche qui pourrait en faire fuir plus d'un, sans doute à juste titre par ailleurs ! Puis je glisse le disque dans la fente.
Autant j'avais un a priori positif avant de voir l'œuvre originale, autant je partais là sans grand espoir, mais avec curiosité et ouverture d'esprit, n'y croyant pas trop mais espérant toutefois une bonne surprise.
Résultat : pas vraiment une déception car je n'en attendais rien, mais une confirmation de mon pressentiment !
Premier point, ce n'est pas pour moi un vrai remake. Certes on reprend le titre du film, il est question d'un sport extrême (avec des différences, tout de même), le héros s'appelle Jonathan, on finit par en vouloir à sa vie, et il finit par l'emporter sur le terrain, mais le scenario abandonne complètement la dystopie qui était essentielle dans le film de 1975 pour une intrigue ne se déroulant pas dans un futur très différent mais de nos jours sur le terreau décomposé de l'ex-URSS. C'en est devenu un pur divertissement qui n'est pas complètement dénué de critique sociale, mais le propos est un peu trop simpliste. On est passé d'un film de sf posant des questions à un film d'action. Pourquoi pas, mais le film n'a pas la même ambition, le même sens.
CA N'A DONC RIEN A VOIR AVEC LE FILM DE JEWISON.
Certes, il y a de belles images, c'est clinquant, c'est joli la nuit avec l'infrarouge, on peut apprécier par moment la musique, mais les personnages ne sont pas crédibles (Jonathan par exemple, prend vraiment le méchant pour un con), le scenario non plus, c'est parfois ennuyeux et certains effets sont minables. C'est même décevant sur le plan du rollerball lui-même qui est négligé par le réalisateur malgré un début de film plutôt prometteur.
De plus, les acteurs sont pathétiques. Le casting n'était pas des meilleurs avec Jean Réno, Chris Klein et LL Cool J, et ils confirment ici toute la médiocrité que je pouvais leur attribuer, même si le scenario ne leur rend pas vraiment service. Seule Rebecca Romijn sort un peu du lot, avec d'autres seconds rôles. Mais ça ne suffit pas.
Surtout il n'y a pas de réelle critique sociale : on nous décrit un capitalisme débridé, les dérives du sport, l'importance du taux d'audience, la mise en avant de la pub, les discours des « journalistes » écrits par les producteurs, le rôle de maffia dans l'ex-URSS, etc. Mais là où le film de Jewison insistait sur le contrôle social par le sport et une société complètement contrôlée par des corporations, Mc Tiernan met surtout en valeur le rôle de l'argent, sans aller beaucoup plus loin. Le film semble vouloir critiquer la violence, mais Mc Tiernan en abuse pour faire plaisir à son public.
Et puis la fin est improbable : le héros s'en sort et renverse tout, abat les méchants avec le soutien de la population. C'est nul, mais au moins la morale est sauve, les gentils l'emportent, alors que dans le film de Jewison, Jonathan survit, mais il ne renverse pas la société à lui tout seul !