Chiantissima!
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Absolument somptueux, le Roma d’Alfonso Cuarón aura survolé le dernier ZFF, voire même cette année en deux vastes heures d’un spectacle infiniment beau; celui de la vie. Le noir et blanc chatoyant du film donne une retranscription enchantée et douce du quartier d’enfance du réalisateur, et de toutes les existences qui y tissent des liens. Interprété par une troupe d’acteurs amateurs originaires de Mexico, le dernier Lion d’Or suit l’existence de Cleo, domestique d’une famille aisée, entièrement dédiée au bonheur des enfants et au bien-être de ses patrons. Non sans rappeler Une Seconde Mère d’Anna Muylaert, le film dessine sa place dans une structure familiale en pleine déliquescence, mais aussi dans un monde complexe en tant que femme, future épouse, mère, etc… Toutes les conditions et aspérités de ces perspectives sont sublimées aux fils de plans dont seul Alfonso Cuarón a le secret, faisant de la maison le spectacle de plans bouillonnants d’amour, et de la plage une éternité crépusculaire.
Expériences sonores incroyables en salles, des vagues aux émeutes en passant par les aboiements environnants, la clameur des vacarmes et la douceur des brises contribuent à une immersion fascinante aux allures d’excursion tant les paysages ravissent l’oeil, et les moments forts inondent le coeur. En un long-métrage, le cinéaste s’applique à démontrer l’ampleur du pouvoir du cinéma, comme à son habitude: toutes les sensations sont présentes sans le moindre faux pas visuel, dans un récit quasi autobiographique au réalisme indiscutable et aux subtils entrelacements. Couvrant de multiples casquettes, Cuarón impose une maîtrise absolue criante, et ce à tous les échelons: il filme du ciel, du sol, de l’entre-deux, capture les visages, les corps, les animaux, les masses, les silences, toutes les choses qui se voient, se ressentent et s’imaginent avec une poésie qui leur est propre, et qui transporte comme peu.
Témoignage hautement personnel, tronçon de vie à la simplicité exaltante, Roma sortira le 14 décembre sur Netflix. Rien de terrible sur le fond, mais une sérieuse perte en terme d’expérience en salles, qui s’est voulue galvanisante à Zürich. Il n’empêche, le film devrait logiquement être présent lors des prochains Golden Globes et autres Oscars. S’il n’en tenait qu’à nous, il mériterait forcément un titre de Meilleur Film tant l’intemporalité de sa portée en fait un millésime à chérir pour les décennies à venir. Après les glorieux Les Fils de l’Homme ou Gravity, Alfonso Cuarón devient définitivement un grand, et aura à jamais sa place dans nos souvenirs encore scintillants de jeunes passionnés. En magnifiant le Mexique de son enfance, il se rapproche également de Cleo, si nostalgique de son village natal. Et pourtant, comme elle, il se repose sur le meilleur de ce passé idéalisé pour se construire dans le temps. Une touche monumentale.
— vu au ZFF 2018 | article complet disponible sur TheBergerie.net —
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le 6 oct. 2018
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