Ce documentaire est la suite directe de Wanted and desired, sorti en 2008 : à la suite de l'emprisonnement de Polanski en Suisse en 2009, Marina Zenovich reprend l'affaire Geimer et va filmer comment cette histoire finira pour le réalisateur, dont on découvre qu'il est en fait le rouage de quelque chose de plus grave.
Durant près d'un an, le réalisateur fut emprisonné, puis assigné à résidence, en attente de son éventuelle extradition pour les États-Unis, qui ne veulent pas lâcher l'affaire, même si c'est 33 ans après les faits. Derrière tout ça, il y a une crise diplomatique entre la Suisse et l'Amérique, car cette dernière voudrait connaitre le nom de ses extradés et ainsi récupérer les milliards de dollars ainsi partis en fumée à cause de l'évasion fiscale.
On revient souvent sur le premier documentaire (que je n'ai pas vu), car on voit dans un extrait que le principal procureur avoue que son confère de 1976 n'avait pas agi en son âme et conscience et que, au fond, Polanski aurait pu ne pas être poursuivi. Revenant dans une archive sur ses dires, on le voit se rétracter sur ses propos, pensant à l'époque que le documentaire était destiné à la télévision française, et que personne n'entendrait ce qu'il a dit !
Néanmoins, c'est une des rares fois où le cinéma a aidé la justice (avec West of Memphis).
Pour en revenir à l'affaire, je pense que beaucoup d'entre nous l'ont vu ou entendu à l'époque, mais il y a pas mal d'intervenants, dont Danielle Thompson, BHL, son avocat et son monteur, Hervé de Luze, qui revient avec intelligence sur cette affaire. On le sent d'autant plus affecté qu'il a continué à travailler avec Polanski dans sa prison pour finir le montage de The ghost writer.
Il y a également la surprise de voir filmée Samatha Geimer, la victime du viol, et qui répète à l'envi qu'elle a pardonné à Polanski, et souhaite pour lui le meilleur. Ce qui est marrant c'est que la personne qui est le plus affecté est ... son compagnon, alors qu'elle prend tout ça très bien, jugeant que tout ça est derrière elle !
Le dénouement est désormais connu ; Polanski n'a pas été extradé, et a pu continuer son travail de réalisateur, et c'est ce qui a pu lui arriver de mieux. Car au fond, on sent que l'histoire pourrait s'arrêter là, mais il y a comme un acharnement presque incompréhensible de la justice américaine.
En tout cas, le titre original du film ne manque pas d'ironie quand on sait que Odd man out (Le troisième homme) est un des films préférés de Polanski...