La Dandy a Froid, et le Buffle est Sec
Le film commence à 200 à l'heure. Peut-être même trop rapidement, d'ailleurs. Le début nous raconte l'ascension fulgurante d'une bande de petits déliquants qui décident de devenir des gros criminels.
Et ce début m'a paru très brouillon. Les nombreux personnages ne nous sont pas vraiment présentés. On ne connaît pas non plus les adversaires qui vont s'opposer à leur ascension (et qu'ils vont affronter). Bref, on ne comprend pas tout ce qui se déroule à l'écran.
Et ça continue pendant un bon moment, le cinéaste faisant affluer de nouveaux personnages à chaque séquence.
Mais, quand on y regarde attentivement, ce n'est pas vraiment ce qui intéresse le plus le réalisateur, d'où cette impression de "bâclé". Le plus important, c'est la chute de ce groupe, rongé par les luttes internes et les trahisons diverses. Et là, ça devient plus intéressant. On a moins l'impression d'enchaîner les séquences à une vitesse folle.
Le film mélange du réalisme bien documenté (sur le monde de la nuit et la prostitution, par exemple) et le romanesque (avec les deux personnages féminins, peut-être les caractères les plus réussis du film). L'influence du cinéma US est évidente et, sans atteindre le niveau de Scorsese (à l'impossible, nul n'est tenu), le résultat est plutôt honorable. Le souffle épique tombe parfois, mais il reste quelques grandes scènes quand même.
Parmi les aspects les plus intéressants (à mon goût), il y a la façon qu'a le réalisateur de mêler fiction et réalité. Des images d'archives ponctuent le récit, permettant de situer l'action dans le temps, mais aussi dans un climat (plusieurs de ces images nous parlent de violence : assassinat d'Aldo Moro, attentat contre le pape). Ces criminels sont les enfants d'une époque troublée, une décennie de loi de la jungle dans la péninsule. Et leur chute est liée à la fin d'une époque (la chute du Mur de Berlin) et aux bouleversements que cela apporte dans la société.
La petite histoire est donc mêlée à la grande, de même que les criminels sont liés aux rouages du pouvoir.
Il nous reste donc un film inégal, bien interprété, mais dont le scénario choisit parfois trop la facilité. La réalisation n'est pas toujours à la hauteur de l'ambition affichée, mais ces 2h30 se laissent voir avec (parfois) un peu d'ennui, mais sans déplaisir.