A sa sortie, « Romanzo Criminale » connut un joli succès. On parlait même de renaissance du cinéma italien, d’amorce d’une nouvelle vague ! Force est de constater qu’il ne s’est rien passé de tel. Je découvre aujourd’hui l’œuvre, près de 20 ans plus tard… et il s’agit ma foi d’un film de gangster plutôt classique.
Le scénario est tout de même ambitieux : retracer le parcours d’un gang romain violent (la banda della Magliana), de la fin des années 70 au début des années 90. Ambitieux car il s’agit d’aborder frontalement les années de plomb, période très trouble en Italie. Et notre gang trempe dans tout (enlèvements, meurtres, drogue, prostitution, boîtes de nuits…) et avec tout le monde (services secrets, terroristes d’extrêmes gauches, mafia sicilienne, police…).
Cela promettait d’être passionnant, sauf que finalement c’est conventionnel. J’ignore si c’est pour éviter de se mouiller, ou simplement parce que le fond de l’histoire n’a jamais été démêlé, mais le détail des relations entre notre gang et les autres parties prenantes ne sera jamais exposé. On en restera à des sous-entendus.
De même, des événements importants de l’histoire criminelle italienne sont évoqués puis expédiés (assassinat d’Aldo Moro, attentat de la gare de Bologne), si bien que ceux qui ne se sont pas renseignés sur le sujet risquent d’être largués.
L’histoire sera en fait « simplement » celle d’un groupe d’amis qui montent au pouvoir criminel, puis que les mauvais choix et l’agressivité vont faire se déchirer au fil des années. Du classique, toutefois cela demeure divertissant sans problème (même sur 2h25 !). C’est mis en boîte sans génie mais professionnellement.
Tandis que les bons acteurs donnent de la vie à des personnages très antipathiques sur le papier (même le flic est nerveux et pas très attachant !). D’ailleurs quelques-uns d’entre eux connaîtront une jolie carrière par la suite, notamment Pierfrancesco Favino et Riccardo Scamarcio.
Bref, ça reste bien fait et divertissant, mais on est loin de la renaissance annoncée. Si vous vous intéressez aux années de plomb, le genre du poliziottesco vous comblera peut-être davantage !