Une fiction brutale, religieuse et politique

Nous connaissons tous plus au moins la célèbre légende des deux jumeaux divins, Remus et Romulus, fils du dieu Mars et de la vestale Rhea Silvia, mythe fondateur de Rome raconté par des auteurs latins comme Tite-Live et Ovide. Dans cette légende il existe bien des variantes: par exemple dans certains récits Romulus ne tue pas son frère Remus. En regardant ce film on a davantage l'impression d'avoir affaire à des hommes préhistoriques qu'à des hommes du Latium au 8ème siècle avant JC: brutalité et violence dominent et les dialogues en latin sont très réduits. L'homme est à la merci des forces déchaînées et capricieuses de la nature (la scène inaugurale est une crue du Tibre) et son destin est écrit d'avance par "le dieu". Malgré une action finalement assez pauvre, se réduisant à des tueries, le réalisateur invente un portrait contrasté des deux frères: Remus est celui qui se moque du dieu, il ressemble à un athée du siècle des Lumières, tandis que Romulus vénère le dieu et surtout le feu sacré et la vestale qui le porte. C'est d'ailleurs par une scène de prière à la "triple déesse" pour obtenir la fin des pluies que le berger Romulus nous est présenté au tout début du film tandis qu'à la fin il instaure en tant que premier roi l'un des cultes les plus anciens de la Rome royale, celui justement de Vesta. A cette opposition athéisme / piété en correspond une autre: servitude et liberté. Remus a des tendances tyranniques très affirmées tandis que Romulus veut être entouré d'hommes libres.


Celui qui semble le plus faible physiquement sort vainqueur de ce duel en tuant, comme l'affirme une partie de la tradition, son frère Remus. Est-ce à dire que la piété et la liberté l'emportent toujours sur l'irréligion et la servitude?


Le titre du film fait allusion au fait que Romulus, le légendaire fondateur de Rome, est le premier d'une série de sept rois (tiens tiens... comme les sept collines de la ville) dont les règnes s’achèveront en 509 av.JC par celui d'un tyran Tarquin le Superbe, annoncé de loin par la figure de Remus tandis que Romulus préfigure le règne de la Libertas si chère au régime républicain... C'est l'aspect politique de cette fiction (opposition Royauté/République ou Tyrannie/Liberté). Le générique de fin est astucieux et suggère visuellement que la formidable expansion territoriale de la ville fondée par le premier roi repose sur un fratricide et sur le sang versé.

PadreBob
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le 6 nov. 2019

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PadreBob

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