Ron détonne
Disclaimer : ce texte était initialement un commentaire sous ma note qui a fini par devenir une critique par sa longueur, mais ce n'est pas forcément la forme la mieux construite pour un véritable...
Par
le 5 oct. 2022
4 j'aime
Long-métrage d'animation de Alessandro Carloni, Jean-Philippe Vine et Octavio E. Rodriguez (2021)
Pour son premier long métrage, Locksmith Animation nous sort un film mettant en scène un petit robot ultra cute ressemblant à un gros tic-tac qui rencontre quelques bugs et qui n’en fait qu’à sa tête. Ron Débloque nous plonge dans un futur proche où les ados sont encore plus hyper connectés grâce aux réseaux sociaux et plate-formes de création et d’échange de contenus en ligne. Ils sont tellement accros à ces plate-formes que pour se faire des amis dans le monde réel, ils doivent passer par le biais d’un B-Bot, un robot compagnon ultra-connecté qui est leur meilleur ami de substitution.
Les B-Bots partagent les centres d’intérêt de leur compagnon humain et ne cessent de les rassurer en leur disant qu’ils sont cools / intéressants. Pour des jeunes ados impopulaires ou faisant preuve d’insécurité, c’est une solution en soi. Barney, le héros du métrage, est le seul de son école a ne pas en avoir et se voit dès lors laissé sur le côté par ses camarades classe. Afin de redonner le sourire à son fils, son père lui en ramène un, Ron, quelque peu déclassé qui se révèle plein de bugs, qui n’en fait qu’à sa tête et qui n’est au final pas le meilleur ami sur mesure que Barney espérait.
Si le pitch est bien pensé et que Ron et ses défauts apportent beaucoup de charme au métrage, il s’avère que Ron Débloque n’en demeure une oeuvre qui ne va pas au bout de ses idées. Là où un Pixar aurait d’avantage joué la carte de l’émotion pour ce qui est de l’alchimie entre Barney et son petit robot, Ron Débloque n’y parvient pas. Pourtant, on sent aisément qu’il y a une réelle tentative d’apporter de l’émotion et de la substance au récit et c’est pas faute d’avoir essayé mais malheureusement, cela ne transparait pas à l’écran. L’étincelle n’est pas là.
Les gags liés aux personnages secondaires sont sympas mais peinent à susciter l’hilarité. Les séquences humoristiques ne prennent toujours pas et tombent parfois à l’eau. Certains traits de l’humour utilisé rappelleront aisément celui porté par les films d’animation de Dreamworks dans les années 2000.
Alors que le film démarre sur les chapeaux de roues et tend à bien présenter l’univers dans lequel nous sommes plongés, le métrage sombre un peu trop rapidement dans le cliché. Que ce soit les rapports sociaux à l’école ou la représentation de la maison mère des B-Bots en mode GAFA avec son administrateur ultra corporate et cupide face à un autre jeune administrateur en mode start up nation voulant rendre le monde meilleur, on sent clairement que le film évite de prendre des risques et a choisi la facilité en venant puiser dans certains clichés contemporains.
Si le film avait été développé il y a 5 ou 10 ans, ces usages de certains clichés liés à la culture du numérique et des GAFAs n’auraient pas fait mouche. Mais en 2021, le monde a évolué de même que le rapport de forces des GAFAs et de l’utilisation des réseaux sociaux. Le film donne l’impression de s’adresser (à un public jeune, bien entendu) à un public adulte s’étant affranchi récemment de la fracture numérique en ayant découvert internet et les réseaux sociaux par le biais d’un Smartphone et non via un ordinateur classique il y a une vingtaine d’années. L’objectif est-il de toucher cette tranche précise de la population et de la sensibiliser ? Peut-être après tout. Mais si votre rapport avec le monde de l’internet et des réseaux sociaux est beaucoup plus antérieur à il y a 10 ans, il se peut que la manière d’aborder ces thématiques dérange car trop minimaliste.
Le récit se développe selon un canvas assez classique et se révèle peu surprenant. Mais le gros point noir du film est l’absence d’émotion suscitée par le personnage de Ron, notamment dans le dernier acte où d’autres studios d’animation seraient aisément parvenus à nous attacher davantage aux personnages. Loin d’être un échec, loin d’être une réussite, ce Ron Débloque est une petite déception mais on ne peut vraiment en vouloir à Locksmith Animation puisqu’il s’agit de leur premier essai dans la cours des grands. Tout le monde n’est pas Pixar et les autres grands studios d’animation n’ont pas tous débuté avec un chef d’oeuvre. Sony Pictures Animation en a d’ailleurs fait du chemin depuis Les Rebelles de la Forêt pour arriver à des oeuvres comme Vivo, The Mitchells vs. The Machines ou encore Spider-Man: Into The Spider-Verse qui a même remporté un Oscar.
Avec Ron Débloque, Locksmith Animation délivre un film inégal qui trouvera malgré tout son public mais comme d’autres studios, il faut qu’il fasse un peu plus de chemin afin de bien se roder et être en mesure de fournir des films amplement maîtrisés. Peut-être avec l’impulsion d’anciens de Blue Sky, l’entreprise pourra prochainement se targuer à jouer dans la cours des grands. En tout cas, c’est tout ce qu’on lui souhaite tant il y a du potentiel qui ne demande qu’à être exploité.
Créée
le 5 déc. 2021
Critique lue 134 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Ron débloque
Disclaimer : ce texte était initialement un commentaire sous ma note qui a fini par devenir une critique par sa longueur, mais ce n'est pas forcément la forme la mieux construite pour un véritable...
Par
le 5 oct. 2022
4 j'aime
Avec un titre, un synopsis et une bande-annonce de cet acabit, pas étonnant qu'aucun adulte amateur d'animation n'ait eu la curiosité de le voir en salle. Et pourtant, tout comme Tempête de Boulettes...
Par
le 26 oct. 2022
3 j'aime
Ron débloque est un film d'animation assez touchant, émouvante aussi lors de certaine scène vers la fin avec une scène en particulier et qui est très rare de retrouver dans un film d'animation...
le 6 juin 2023
1 j'aime
Du même critique
À la fois devant et derrière la caméra, Channing Tatum s’affranchit de sa zone de confort en tant que « simple » acteur pour également camper la position de (co-)réalisateur pour Dog, un road/buddy...
Par
le 15 mars 2022
5 j'aime
1
C'est génial ! Un film dont le titre définit à merveilles son contenu !
Par
le 30 déc. 2010
5 j'aime
Véritable uppercut, Animals délivre un message clair en s’adressant aux individus faisant usage de la violence pour exprimer leur intolérance. Doté d’un réalisme saisissant et déroutant en 3 actes,...
Par
le 11 mars 2022
4 j'aime
1