L'uppercut qui éveille les consciences

Véritable uppercut, Animals délivre un message clair en s’adressant aux individus faisant usage de la violence pour exprimer leur intolérance. Doté d’un réalisme saisissant et déroutant en 3 actes, Animals est un véritable choc. L’immersion dans le récit vous est garantie dès les premiers instants du métrage de par le style de la mise en scène qui multiplie les plans séquences tournés caméra à l’épaule. Le spectateur se sent alors proche physiquement des divers protagonistes et ne peut éviter de ressentir la tension palpable qui les anime, notamment dans les 1er et 3ème actes du film. Mais cette tension ne va pas vous quitter une seule seconde, à tel point qu’elle fera naître en vous un sentiment de révolte et de dégoût face aux faits qui se dressent sous vos yeux. Vous vous sentirez impuissants et écoeurés face à ce déchainement de violence gratuite, peut-être jusqu’à vous faire sortir la salle.


La mise en scène et la direction des acteurs fonctionnent parfaitement et le film parvient aisément à ses fins. Techniquement, c’est pensé intelligemment, bien qu’on notera une gestion du focus parfois maladroite lors du 1er acte. Mais il faut toutefois prendre en compte qu’il s’agit d’une petite production belge et non d’une superproduction hollywoodienne avec des moyens techniques plus sophistiqués pour maîtriser à merveille le plan séquence. Autre décision artistique qui m’a quelque peu dérangé est le choix du 4/3 pour l’aspect ratio des 1er et 3ème actes, le second étant essentiellement tourné en 9/16 via des téléphones (c’est ce qui s’appelle de l’immersion). Libre à chacun d’apprécier ou non cet aspect ratio mais ce regain du 4/3 ces dernières années (vu récemment avec The Tragedy of McBeth, The Electrical Life of Louis Wain ou encore The Lighthouse) a tendance à me déconcerter à une époque où chaque écran est en 16/9. Certes, il est vrai qu’Animals aurait sans doute vu son gage d’authenticité amoindri avec un format d’image cinemascope classique (2,35:1 ou 2,40:1) mais un 16/9 pour les 1er et 3ème acte auraient pu, selon moi, contribuer à une meilleure accessibilité du film auprès de son public cible.


Il est clair que vous ne passerez pas un agréable moment devant Animals. Vous en sortirez l’estomac retourné. Mais c’est un mal plus que nécessaire tant le métrage délivre un message fort qui se doit d’être partagé auprès du public le plus large possible dans un soucis d’éducation, de sensibilisation à l’alphabétisation et à la tolérance. Bien que déconseillé aux – de 18 ans (fait rare dans la classification des films sortant en Belgique), c’est non seulement aux jeunes mais également à leurs parents que s’adresse essentiellement le film. Les réseaux sociaux et les avancées technologiques du côté des smartphones ont joué un rôle non négligeable dans l’envol des faits de violence basés sur des discriminations chez les jeunes pour qui le discernement du bien et du mal semble de plus en plus complexe au vu de l’explosion des contenus déviants auxquels ils peuvent être exposés.


Animals dénonce plus qu’un crime à caractère homophobe, il dénonce tous les crimes dont le mobile est justifié par ce qui différencie la victime de l’auteur des faits. La discrimination, la haine et l’intolérance peuvent toucher n’importe qui et peut se baser sur une infinité de critères. Dans le cas d’Animals, il n’est pas question de dénoncer les crimes envers une communauté particulière qu’elle soit basée sur l’orientation sexuelle de la personne, sa religion, sa couleur de peau, son milieu social, sa taille, etc., cela touche chaque individu.


C’est en dépeignant des faits violents de la manière la plus naturelle et réaliste possible qu’Animals réussit haut la main son pari de déranger mais également de devenir une arme de sensibilisation redoutable contre la violence gratuite et l’intolérance. Animals n’est pas une partie de plaisir, loin de là mais c’est sans doute la dernière carte à jouer pour sauver des personnes d’un destin funeste et d’empêcher à d’autres de commettre l’irréparable.

drq
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le 11 mars 2022

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