Rope and Breasts par Gewurztraminer
Lorsque sort Rope and breasts en 1983, l'age décadent de la Nikkatsu est déjà bien entamé. Aussi le film de Konuma constitue un effort bienvenu dans le genre ultra-codé du SM. La romance entre un couple d'artiste marginaux se produisant dans les cabarets spécialisés prend la forme d'une errance existentialiste et d'une crise sentimentale. S'autorisant de nombreuses prises de vue extérieures dans un Kyoto traditionnel, Konuma retrouve un temps la veine sensible de ses débuts. Une tonalité romantique et désabusée que l'introduction rugueuse ne laissait pas espérer (une représentation SM réelle au cachet graphique travaillé). Les moments de lassitude étirés et les déambulations paresseuses du couple délivrent quelque beaux moments sensibles et décalés (le couple, main dans la main, poussant la valise d'accessoires SM lors d'une ballade amoureuse). Elle, égérie violentée envisageant un autre avenir. Lui, maître bondage pour qui le métier constitue son unique horizon. Quelques beaux plans éloignées trouvent la bonne approche appuyant la solitude d'un couple perdu dans leur univers. L'approche psychologique se fait plus fouillée mais retrouve malheureusement vite le cadre strict du genre. Le rebond narratif prend forme dans leur rencontre avec un couple bourgeois pervers (cliché quand tu nous tiens) pour qui ils exécutent leur dernière représentation. Konuma y personnifie deux approches du rituel érotique, l'un en tant que spectacle, l'autre en tant qu'acte vital. Le spectacle tourne sans surprise à l'imprévu lorsque l'épouse perverse corse les règles et maltraite le couple (pas de jaloux !) lors de séquences épicées (supplice du moulin,..). Rope and breasts reprend alors les rails monotones du genre où le déclic psychologique s'incarne en cliché mécanique, l'habituelle ironie du cinéaste manquant cruellement à l'appel. Reste tout de même une réalisation aux cadres travaillés et la photographie soignée ainsi que la surprise toujours entretenue d'un décorum incongru au charme rétro (une salle de torture personnelle tout équipée au soul-sol du pavillon). La conclusion plus séduisante tente de reprendre en vain l'approche existentialiste initiale depuis longtemps épuisée sous les exactions réglementaires. En ressort un fort sentiment de gâchis de ce qui reste tout de même un des représentants les moins détestables de ce genre bien particulier.