Déconstruire et rassembler. C'est ce qu'a dû faire Rory Scovel pour arriver à un tel spectacle.
Son stand-up semble être un horrible brouillon informe, et comme l'indique le titre, presque amateur. Mais non, ça fonctionne. Il sait étirer ses blagues jusqu'à la limite, les faire revenir à tout instant, explorer puis s'arrêter sèchement pour faire une autre blague voire une remarque méta.
Le rythme est horrible, le type est horrible. Beuglant dans son micro, étant un con fini, se permettant de jouer de la frustration du public, cassant la bulle de son spectacle pour rappeler que c'est filmé.
Mais il y a quelque chose d'intelligent dans ce qu'il fait. Tout ne fonctionne pas ou n'est pas hilarant mais on rit. Rory Scovel joue de nos frustrations de spectateur, de nos attentes, de notre rôle de receveur passif. Il profite de la situation pour jouer avec nous. Le déséquilibre lui permet de faire beaucoup de choses, qui peuvent déconcertés -certes- mais sont intéressantes et fraîches.
Tout le monde ne pourra adhérer à son spectacle, sa façon-d'être agaçante est très polarisante. Mais ça fourmille assez d'idées pour être vu, pas forcément de réflexion (au contraire il reste très moyen là dessus) mais son travail sur le rythme, sur la structure même de son spectacle vaut le coup d'oeil.