Rosalie est un film qui me tentait, pour deux raisons. J'avais, d'une part, beaucoup apprécié la première œuvre de la cinéaste « La danseuse » présentant une artiste originale -Loïe Fuller- et peu connue, d'autre part, j'étais intriguée par le traitement de la thématique délicate de l'hirsutisme chez la femme à l'heure actuelle ,marquée par le redoublement des luttes féministes à tout les niveaux , et entre autres, par la question sur l'acceptation de la pilosité féminine, débat ouvert depuis quelques années.
Stéphanie Di Gusto s'inspire de l'histoire véridique de Clémentine Delait (1865-1939) , célèbre femme à barbe vosgienne du début du XXe siècle, mais ne choisit pas de réaliser un biopic sur cette dernière. Ainsi ,à travers les grandes lignes de la vie de son modèle, elle construit le parcours d'une femme digne se battant à plusieurs niveaux : l'acceptation de sa propre singularité, la réalisation de soi et de ses espoirs, un droit à la différence.
Son mariage et sa rencontre avec Abel, cabaretier dans un petit village français des années 1870, va être capital pour son évolution et l'évolution du récit puisque Rosalie est aussi une belle histoire d'amour,
Nadia Tereszkiewicz -déjà récompensée d'un « Valois » au Festival francophone d'Angoulême-compose une merveilleuse Rosalie au côté de l'excellent Benoît Magimel, tout en retenue. Il faut noter aussi au casting Benjamin Biolay endossant, brillamment, le rôle du (très ambigu) châtelain.
Le film reste, malgré le sujet, « sobre » et dénué de voyeurisme. De bout en bout, le personnage de Rosalie est émouvant et solaire et rend l'ensemble du film bouleversant... Je recommande !