L'on est tout de suite séduit par la beauté formelle du film et par l'élégance et la délicatesse de la mise en scène.
Pour autant, et alors qu'il aurait pu être génial, le film s'enlise peu à peu dans un propos un peu trop classique et attendu, semble faire du sur place et peine à maintenir l'intérêt du spectateur, notamment parce qu'il est sans doute trop long et qu'il refuse de prendre à bras le corps et développer les thématiques qu'il effleure à peine (comme le commerce de l'image de cette femme à barbe ou l'ambiguïté autour de la sexualité de son mari), préférant insister de manière convenue sur le côté martyr de son héroïne.
Nadia Tereszkiewicz, qui parvient à apporter beaucoup de caractère et de force à son personnage, et Benoît Magimel, toujours impeccable, livrent des prestations de choix (bien que l'on pourrait reprocher une direction d'acteurs les poussant à un jeu quelque peu excessif par moments).
Les seconds rôles, pourtant portés par un casting alléchant (Benjamin Biolay (que l'on voit décidément partout en ce moment), Guillaume Gouix, Juliette Armanet, Gustave Kervern) déçoivent quelque peu dans des personnages stéréotypés et aux réactions trop attendues.
D'un point de vue plus anecdotique, la façon avec laquelle est traitée leur hostilité vis à vis de l'héroïne ainsi que la sur dramatisation du dénouement du film n'est pas sans rappeler l'imagerie et les thématiques soulevées dans les clips de Sans Contrefaçon, Désenchantée et L'Âme-stram-gram de Mylène Farmer.
En résumé, un film intéressant et réalisé avec soin mais qui ne se révèle pas forcément toujours à la hauteur de son sujet, trop timide pour oser incarner le même degré d'excentricité que son personnage principal.
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