Cet avis est plus un ressenti à chaud du parcours émotionnel que j'ai eu en visionnant ce film qu'une véritable critique. Je ne reviendrais donc pas sur l'aspect artistique, technique, ni sur le jeu des acteurs, je pense que tout a déjà dû être dit.
C'est un film qui fait peur, très peur même. Pourquoi ? Parce que nous ne savons pas précisément ce qui est à l'origine de notre peur, nous ne connaissons pas la nature du mal qui opère.
Habituellement, le mal nous le voyons, il a une forme, une conscience, des atouts physiques mortels, difficile de ne pas le voir. Même les créatures irrationnelles ont habituellement un visage, une enveloppe, un nom, nous connaissons leur particularité, et comment ils répandent la peur.
Bref, ici, rien de tout cela, les codes du genre ont disparu.
" Qu'est ce qui se passe ? Mais bon sang que lui arrive t il encore ! D'où vient ce mal ? " Voilà les questions que nous ne cessons de nous poser. Mais si nous ne pouvons répondre à ces questions, comment imaginer une seule seconde pouvoir espérer éradiquer ce mal, comment pourrions nous arrêter tout ceci ?
Nous voilà impuissant, impuissant et ignorant, tout ce qu'il nous reste à faire c'est d'avoir peur.
Alors certes on se doute bien de quelque chose, le comportement suspect des voisins, le porte bonheur aux apparences de poison, leur intrusion forcée dans la grossesse de Rosemary, l'arrière goût des desserts qui provoquera des hallucinations, les vitamines etc. Le problème c'est que nous n'avons aucune preuve, nous suspectons que quelque chose est dangereux, mais jamais nous ne voyons le danger à l’œuvre, pas de preuve oculaire, juste un mauvais pressentiment, un malaise.
Le mal guette, prépare le terrain, ce n'est pas du genre de ceux qui frappe un coup et puis s'en vont.
C'est le mal sournois, pervers, celui qui ne montre pas son visage, le plus terrifiant.
Et à l'heure actuelle, aucun moyen de s'en protéger.
Du coup on doute, on n'est plus vraiment sûr de la culpabilité de certains, un brouillard s'installe, l'ignorance prend toujours plus de place, la pression monte.
Et ce jusqu'à ce qu'un bouquin éclaire le cerveau fatigué de Rosemary. Elle obtient certaines informations, certaines réponses, et du coup nous aussi. On se dit ça y est, on sait enfin de quoi on avait peur, c'est le moment de l'affronter.
Et là bim, cassure, je ne raconterais pas par quel mécanisme elle s'opère, mais elle a bel et bien lieu.
Ce n'est pas un retour à la case départ, juste que la situation s'inverse. Maintenant c'est sûr, elle est folle, et nous aussi.
Ce n'était que des coïncidences finalement.
En fait non.
Bref un yoyo émotionnel.
Finalement le spectateur obtiendra ses réponses, on aura fini par le voir ce mal, plus de raison d'avoir peur, mais il se sera fait attendre, pour notre plus grand plaisir.