Ah, celui-là, depuis le temps qu’on m’en parle, c’était impossible que je continue aussi longtemps de passer à côté. Et même si je suis toujours réticent à mater un film d’horreur (je pense que je l’ai suffisamment répété), c’est vrai que celui-là a l’air d’avoir un truc à lui, un truc en plus. Donc c’est parti, je me lance dans ce grand classique considéré quasi-unanimement comme un très, très bon film.
Bon… Voyons voir ça…


Alors ça commence de façon pas trop dégueulasse, on suit l’emménagement dans un appartement étrange de Rosemary et de son mari, dont j’ai déjà oublié le nom, et en cinq minutes on se doute bien que l’appartement est daubé du cul grâce aux monteurs qui font tout leur possible pour ruiner notre notion de l’espace. C’est un peu perturbant mais pour une fois que des faux raccords ont une utilité, je vais pas gueuler sur ce point-là. On nous explique ensuite assez explicitement que l’immeuble est hanté, on accentue ça en butant la nouvelle amie de Rosemary pour enfin être introduit à un personnage présenté comme quelqu’un de passionnant (et qui s’appelle Roman…) et sa femme envahissante et excentrique qui vient s’incruster chez toi pour faire du tricot avec ses copines. Deux personnages dont on devine la fonction finale avant même leur première interaction avec le couple principal (des vieux qui, par exemple, n’en ont strictement rien à carrer que la nana qu’ils sont censé considérer comme leur propre fille décède de façon outrancièrement brutale, ça met la puce à l’oreille, pardon…) Et après faut bien attendre une bonne demi-heure pour qu’il se repasse quelque chose hein…


Donc je passe sur les évènements qui suivent, parce qu’il ne se passe rien du tout pendant un bon moment. Allons faire un tour du côté des personnages. Rosemary est d’une naïveté complètement abusive et son mari est un insupportable trou de balle qui se contredit lui-même toutes les dix minutes, mais tout va bien, ça a l’air de choquer personne, le personnage du médecin pue la merde dès sa première apparition, le placard chelou (non, c’est pas vraiment un personnage, mais j’enchaîne dessus), qui est forcément un élément important de l’histoire, ne revient qu’au bout d’une heure de film pour qu’on découvre… que non, le deuxième gant de Monsieur-Personnage-Inconnu-Qui-Arrive-Uniquement-Pour-Crever-Dans-Les-Cinq-Minutes-Qui-Suivent n’y est pas, et la vieille sorcière donne elle-même à sa victime le livre qui lui fera comprendre qu’elle l’empoisonne depuis le début mais on va faire comme si c’était tout à fait normal… D’ailleurs la scène de l’anagramme qui suit est complètement pétée. Pardon mais la nana un peu débile qui se retrouve d’un coup possédée par la meilleure intuition du monde et qui se dit en survolant un livre sur la sorcellerie: « Un anagramme ! Bon sang mais c’est bien sûr ! » et qui en tire des conclusions mystiques à peine deux minutes après s’être dit que « les sorcières, ça n’existe pas » ça sort littéralement de nulle part.


Croyez bien que je suis désolé du fait que je ne serai jamais en mesure de ressentir l’angoisse de la grossesse (non je déconne, je m’en branle totalement, mais j’imagine que ça doit aider pour pouvoir être absorbé par ce film), mais j’ai un gros problème avec les films dont le scénario ne tient plus debout dès lors qu’on leur enlève leur dimension symbolique. Y'a le même problème dans Signes, par exemple. Ici, on pense se retrouver devant un film sur l’angoisse de la grossesse, qui survole aussi un peu les thèmes de la folie et de l’hystérie, mais la fin annihile complètement ça en rendant le film purement fantastique. Non, Rosemary n’était pas folle, elle a réellement accouché du fils de Satan. Et même au-delà de ça, les situations et les dialogues de ce film me paraissent, au mieux, pas très intéressants, et au pire, carrément foireux.


Par contre j’avoue que la fin, je l’aime bien quand même. Enfin, « je l’aime bien »… Disons plutôt que je me suis moins fait chier que devant le reste du film. Entre l’évasion par l’ascenseur, les mecs qui se baladent « discrètement » dans l’appart comme des personnages de cartoons, le coup de « Je vais prendre mon comprimé mais hé hé, en fait non, je feinte ! », tout ça, et bien sûr, le final en apothéose avec l’enthousiasme exacerbé des adorateurs du Malin (et en bonus la vieille grognonne qui tire la langue à Rosemary). Y’a dans tout ça un côté presque burlesque tellement inattendu que ça a réussi à me faire rire. On dirait vraiment que les mecs n’en ont plus rien à branler de ce qu’ils font.


Donc non, le film d’horreur continue encore et toujours de me décevoir. Et même ce film-là, j’y arrive pas. Le scénario est pété, y’a trois quarts d’heure en trop, c’est excessivement lent et inutilement digressif, aucun personnage n’est attachant, et les vingt dernières minutes sont ridicules.

Tartinovski

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