Rosie Davis est une héroïne du quotidien qui ne déparerait pas dans le cinéma de Loach ou des frères Dardenne. Dans le contexte de la pénurie immobilière de Dublin, cette mère de 4 enfants se bat avant tout pour trouver un toit pour la nuit à venir, faute d'un logement à louer sur le long terme. Ce cinéma social et ultra réaliste surprend de la part de l'inclassable réalisateur irlandais Paddy Breathnach (Coup de peigne et Viva, entre autres) mais aussi de son scénariste, l'excellent Roddy Doyle, qui a puisé son sujet dans un témoignage entendu à la radio, dénonçant une précarité fixe de gens de Dublin ayant pourtant, pour bon nombre d'entre eux, un travail. Le film raconte des journées qui se ressemblent pour Rosie et les siens : l'école pour 3 de ses enfants, le boulot pour son mari et les incessants coups de fil pour elle, en quête d'un toit. Et tout cela avec une voiture comme "maison" provisoire, bourrée jusqu'à la gueule de vêtements et autres ustensiles de cuisine. Le côté répétitif de l'existence de Rosie est traitée avec fluidité, réussissant à nous faire comprendre progressivement comment les enfants vivent cette galère quotidienne. Dans le personnage de Rosie, les sentiments de honte et de culpabilité ne sont pas esquivés mais le film ne cherche pas le pathos à tout prix car c'est bien de dignité qu'il s'agit, avant tout. Le long-métrage aurait pu accentuer son caractère politique et dénonciateur mais Doyle et Breathnach ont préféré, à juste titre, axer leurs efforts sur les aspects sociaux et familiaux de leur histoire. Et avec une actrice aussi lumineuse que Sarah Greene, ils avaient sous la main une interprète admirable qui est certes sans toit mais pas sans foi.