Au début des années 90, Mosco Boucault réalise une série d’enquête sur la mémoire de la Résistance, sur trois époques, à travers trois générations de militants du parti communiste français. Vers la fin des années 90, il se penche sur deux affaires criminelles, à Philadelphie puis Abidjan. Suite au refus du directeur de la PJ quant à sa volonté de suivre une enquête financière, Mosco Boucault choisit de tourner Boulevard de Belfort, dans les arcanes du commissariat de Roubaix afin de saisir une réalité sociale à travers ses affaires courantes.
Roubaix, commissariat central s’ouvre donc sur ce kaléidoscope de petites histoires, d’enquêtes renouvelées en permanence. Sa mise en scène capte cet état des lieux, dans les bureaux, les voitures de police, interrogatoires, arrestations et perquisitions en tout genre. La thématique « Une ville, une affaire criminelle » de ses précédentes enquêtes est délaissée au profit d’un constat global sous forme de puzzle.
Pourtant, un moment donné le film semble s’affranchir de son dispositif. Un glissement opère : Une vieille dame est retrouvée morte, ses deux voisines sont rapidement mises en cause. C’est alors que nous ne quitterons plus Annie & Stéphanie, les deux voisines en question, révélant leur culpabilité mais aussi leur humanité derrière leurs mensonges. La longue séquence de captation de l’aveu suivie de celle de la reconstitution du meurtre sont à l’image du film entier : Puissant, inédit, d’une tristesse sans nom. Il faut noter que ce magnifique documentaire sert de référence au beau film de Desplechin, Roubaix une lumière.