L'homme seul (face à la nature) est encore moins que rien

Il semble que ce film soit passé inaperçu, et c'est bien dommage. Dommage pour le film lui-même, dommage aussi pour le cinéphile qui peut avoir manqué une séance intéressante.

Le synopsis SC indique laconiquement : "la relation de deux amis est mise à l'épreuve [...]". Les amis en question s'écharpent dès la première image, poussent des cris à la mort, on comprend d'emblée qu'en plus d'être un résumé bref, "mise à l'épreuve" est aussi un doux euphémisme.
S'en suit un flashback ramenant l'histoire aux germes de la querelle, avant que leur véhicule ne les lache en plein milieu du désert, au beau milieu d'une route rectiligne interminable.

Mitchell et Carter sont amis de longue date, malgré leurs différences en bon nombre de domaines.
Le premier est l'intello type du secteur tertiaire, travail stable, argent et vie de famille bien rangée, tandis que le second est un écrivain raté, rondouillard et sans attache.
L'épreuve qu'ils vont traverser sera l'occasion pour chacun de faire le bilan, de se confesser à l'autre et dire toutes les vérités même les plus dures à entendre.

Le scénario n'est pas transcendantal outre mesure, pourtant les rôles sont remarquablement bien écrits. Ce que l'on apprend de chacun se fait au gré des circonstances avec une finesse particulière, liant les séquences de façon quasi millimétrée.
L'usure des personnages est graduelle, insidieuse. La soif et la faim sont toujours plus fortes que les excuses ou la raison, et le doute s'installe tour à tour chez l'un puis chez l'autre. Le doute d'une vie rangée, le doute de la projection dans un avenir incertain.
Les dialogues permettent au film d'acquérir une vraie identité en mettant littéralement à nu les rôles. Les voix sont éraillées, fatiguées, éprouvées. Les prestations des acteurs sont impéccables.
- Scenic Route - est un film psychologique séduisant, aussi parce qu'il met magnifiquement en scène la nature sauvage, hostile, où les journées sont chaudes et les nuits glaciales, faisant jouer les lumières comme il se joue des sentiments.

Une esthétique réussie, un scénario maîtrisé qui virevolte entre drame et humour corrosif, doté d'une fin à rembondissements...
en tout cas moi, je m'incline.
FPBdL

Écrit par

Critique lue 1.6K fois

17
3

D'autres avis sur Route vers l'enfer

Route vers l'enfer
el-thedeath
7

Bad Road Trip

Scenic Route nous relate l'histoire de deux vieux amis, qui ont l'aire de ne plus se voir très souvent, leurs relation sera mise à l'épreuve alors qu'ils sont bloqués en plein désert... Premier long...

le 20 mars 2014

7 j'aime

1

Route vers l'enfer
Gand-Alf
5

En rade.

Avec ses deux personnages paumés en plein désert, l'inédit "Scenic Route" fait immédiatement penser à l'expérimental "Gerry" de Gus Van Sant. Sauf que pas vraiment, le film des frangins Goetz...

le 13 oct. 2014

5 j'aime

Route vers l'enfer
GrenKopun
7

(Avec un peu de Spoil)

Scenic Route ou le petit thriller vraiment sympathique qu'on a pas vu venir. Sorti de nulle part, le film ne raconte pas l'histoire d'une amitié mise à l'épreuve, mais plutôt l'histoire de deux...

le 14 févr. 2015

4 j'aime

Du même critique

Alien - Le 8ème Passager
FPBdL
9

Maman nous a fait faire une grosse connerie !

- Alien : le 8ème passager -, premier volet de la plus terrible saga de Science-fiction de tous les temps, le seul Ripley Scott Film d'ailleurs avant que se succèdent James Cameron, David Fincher, et...

le 19 mars 2014

70 j'aime

5

Valse avec Bachir
FPBdL
10

J'aime pas les claques, mais pour le coup j'en reprendrais bien un peu...

- Valse avec Bachir - m'est tombé dessus sans crier gare et m'a bien secoué. Il m'a littéralement baffé et rebaffé, et les traces sur ma joue resteront je pense un bon moment. J'appuie sur Play, sans...

le 12 janv. 2014

58 j'aime

5

Le Tombeau des lucioles
FPBdL
8

Gamine, retourne dans ta poubelle !

Comme Clint Eastwood le fera plus tard avec - Lettres d'Iwo Jima - et peut être s'en est-il inspiré, - Le Tombeau des Lucioles - montre la seconde guerre côté japonnais. On a affaire à un...

le 16 janv. 2014

50 j'aime

5