Roy et Jack,amis de longue date,sont à la tête d'une bande de hors-la-loi minable.Jusqu'au jour où Roy,las du manque de rendement de leurs activités,quitte le groupe pour devenir shérif,ce qui va l'amener à s'opposer à ses anciens complices.On reconnait là l'histoire de Pat Garrett et Billy le Kid,qui a inspiré des films autrement mieux gaulés que celui-là.Mario Bava s'est illustré avec talent dans le giallo et l'horreur mais,comme tous les cinéastes populaires italiens de sa génération,il s'est essayé à différents genres,et notamment au western spaghetti.Quand on voit "Roy Colt et Winchester Jack",il parait clair qu'il ne s'agit pas de son domaine de prédilection.Cette interminable course au trésor,digne d'une BD pour enfants attardés,se répète à l'envi entre trahisons,alliances et désalliances perpétrées par un triste échantillonnage de personnages demeurés aux comportements stupides.Bava,qui a comme il le faisait toujours à l'époque engagé son fils Lamberto en tant qu'assistant,s'avère incapable de trouver l'équilibre entre western et parodie,et livre finalement une comédie,ce qui passerait encore si c'était drôle.Mais cet étalage continuel de gags foireux et de plaisanteries épaisses ne fait pas rire une seconde.Le genre du western spaghetti,à son meilleur,savait effectuer la synthèse entre l'humour noir et la violence à tendance sadique.Mais ici,on est plus proche des guignolades du duo Terence Hill-Bud Spencer shootées par le vénérable Enzo Barboni,alias E.B. Clucher,que des grandes oeuvres des trois Sergio,Leone,Corbucci et Sollima.De bagarres "homériques" totalement bidons et mal chorégraphiées,avec bruitage qui claque,en clowneries d'acteurs en perpétuel surjeu,le spectateur s'ennuie ferme.On retrouve par intermittences la patte de Bava à travers quelques gunfights efficaces,des gros plans sur des trognes patibulaires en sueur attestant qu'il a quand même retenu certaines leçons de Leone ou une image de qualité dont il n'est pas l'auteur vu qu'il a embauché un chef-op.On entend aussi une musique de fête foraine comme il les affectionne,et qui semble moins décalée ici que dans ses films sérieux.Sans doute pour faire plus authentique,on a confié les rôles principaux à deux acteurs américains.Evidemment,la production n'avait pas les moyens d'attirer John Wayne,Randolph Scott,Glenn Ford ou Kirk Douglas,et a dû se contenter de quasi inconnus.Brett Halsey arbore tout du long l'air d'un abruti mal remis d'un mauvais trip au Père Goulou 11 degrés,et joue si faux qu'il aurait mérité d'être pendu pour ça.Quant au beau blond Charles Southwood,définitivement rien à voir avec Clint Eastwood,il en fait des caisses sans jamais parvenir à avoir autre chose que l'apparence d'un con.On préfèrera se souvenir de lui dans le rôle du leader de la bande de hippies dans "Quelques messieurs trop tranquilles" de Lautner.La belle Marilu Tolo a connu des jours meilleurs et symbolise ici l'éternel féminin vu du point de vue machiste en incarnant une fille toujours prête à se vendre au plus offrant.Isa Miranda,ancienne vedette du cinéma transalpin,fait une apparition pathétique en patronne de bordel dans la scène la plus pourrie d'un film qui en compte beaucoup.La palme du cabotinage stérile revient sans conteste à l'inconnu Teodoro Corra,qui joue le Révérend,un malfrat russe éminemment folklorique.